J’peux pas te parler, j’entre dans un tunnel…

L'avantage d'une première lecture c'est qu'elle permet la découverte de l'oeuvre, de s'imprégner page après page de la situation qui nous est présentée. Et dans le cas de Dragon Head, cela se révèle encore plus comme un véritable trésor.

Ce premier (gros) volume plante un décor où le fond et la forme se conjuguent pour nous plonger dans une catastrophe réaliste. Des élèves dans un train. Un éboulement dans un tunnel. Le train est bloqué. Beaucoup de morts à signaler. A ce moment, le piège est déjà en train de se fermer sur nous. L'angoisse monte.

L'enfermement, la chaleur, des plats qui pourrissent, la perte de la notion du temps, la recherche de l'éclairage pour ne pas rester dans le noir. Les réactions des survivants pourraient (peut-être) être les nôtres si nous étions dans leur situation. Le dessin de Minetaro Mochizuki rencontre les propos de ses personnages. Il y a fécondation mutuelle et le manga montre qu'il n'a rien à envier aux films catastrophe. Il véhicule les mêmes impressions, on a le sentiment d'être avec les survivants.

Si je devais retenir le point qui m'a le plus interpellé ce serait les déclinaisons et variations proposées autour du binôme dedans/dehors : opposition dans les couleurs retenues (clair/obscur) ; enfermés le salut des survivants passent dans un premier temps par l'attente des secours. Puis se fait jour une volonté de s'en sortir seuls (par eux-mêmes et non via une aide doublement extérieure). Aide-toi et le ciel t'aidera en quelque sorte. Surtout, qu'est-ce qui les attend s'ils parviennent à s'en sortir ? Comme il reste encore 4 tomes, il est bien possible que nous ne soyons qu'au tout début de nos surprises.

En somme ce premier tome nous offre un "grand enfermement" magnifiquement orchestré. Minetaro Mochizuki parvient à faire ressentir toute la tension qui se fait jour entre les survivants, leur envie de laisser tomber, de s'accrocher à la vie, la folie qui emporte certains, les mouvements de l'environnement qui semblent accompagner les évolutions des survivants... La suite devrait être grandiose.