L’Angleterre de la fin du XIXe siècle a tout de la nation hégémonique sur le plan économique et financier et pourtant, voilà que, par l’une des artères qui la relie au reste du monde (le commerce maritime) un grand mal (mâle ?) débarque. Venu d’ailleurs, il disparaît presque sans laisser de traces et frappe surtout la nuit. Son nom n’est pas encore sur toutes les lèvres mais il a établi ses quartiers dans la perfide Albion et aurait ciblé ses futures victimes : les élèves de Whitby.
Ce virus étranger ne doit pourtant pas tromper : il y a quelque chose de pourri dans le royaume anglais avant son arrivée. Les inégalités économiques, sociales, de genre se portent bien. Et le prestigieux établissement de Whitby qui forme les futures élites déborde de ce mépris de classe et de genre qui cible particulièrement Mina Murray. Certes elle connaît des prises de catch qui plairaient à Onizuka mais on ne peut pas dire que la vie soit rose pour elle. Et ce n’est pas le trio Roi Arthur/cowboy texan racisé/photographe nippon qui viendra faire tâche dans ce paysage. On leur souhaiterait presque de débarrasser le plancher tant ils reflètent cet air du temps si détestable. Mais entre les fissures de leur amitié, la présence d’un personnage non-binaire et l’annonce de la fin du tome, il y a fort à parier que la chasse aux vampires (et autres menaces ?) soudera un groupe où la valeur de chacun finira par être reconnue. Lutter contre un grand mal pour en vaincre d’autres ? Après tout l’historien Walter Scheidel voit bien les grandes épidémies comme l’un des facteurs contribuant à niveler les inégalités… La lutte contre Dracula (lâchons son nom) contribuera alors au plus grand bonheur du plus grand nombre. Mais ici comme ailleurs il convient de ne pas aller trop vite et de voir sur quels sentiers nous conduit la relecture de B. Stoker par S. Sakamoto.
Ces quelques gouttes sont donc frustrantes tant on voudrait déjà consommer l’ensemble de ce nectar.
La (vraie) note : La prochaine fois je viserai le cœur/20