Un volume par an. UN VOLUME PAR AN ! Le moins que nous puissions dire, c’est que Kôta Hirano n’est pas un rapide. Et si vous pensez que vous n’arriverez pas à supporter un tel rythme, ce n’est même pas la peine de lire la suite de cette critique.
Kôta Hirano, c’est l’auteur de Hellsing, manga bien bourrin et sanglant comme il faut, qui nous proposait l’affrontement improbable entre Dracula, des nazis vampires, et des prêtres exorcistes armés jusqu’aux dents. Zéro finesse pour un carnage dans les règles de l’art.
Avec Drifters, il remet le couvert.
Drifters ressemble à un concept imaginé par un gamin, une sorte de fantasme tellement primaire que personne n’avait jamais osé développer cette idée plus avant. En gros, vous prenez des personnages historiques plutôt guerriers issus de toutes les époques et de tous les pays, vous les lâchez dans un monde médiéval fantastique, vous les séparez en deux camps – les Drifters et les Parias – et vous les laissez s’entretuer. J’éviterai de vous en dire trop sur les figures choisis par le mangaka pour l’instant, mais vous risquez d’avoir quelques surprises. Et bien barbares, les surprises.
Sachant que l’auteur s’est illustré avec Hellsing dans l’art délicat de la boucherie, vous pouvez vous attendre à un résultat bourrin, délirant, gore, en un mot : jouissif. Et Drifters, c’est exactement ça : ce manga est d’autant plus réussi qu’il est primaire. Ça castagne, ça tranche, ça pisse le sang, et le pire, c’est que nous en redemandons.
Il possède en outre un dessin percutent, bien sale tout en restant parfaitement lisible, qui apporte une énergie folle au récit. C’est aussi un adepte de l’humour – notamment via un second style graphique décalé – des femmes aux formes généreuses, du politiquement incorrect, et des personnages haut-en-couleurs.
Nous pourrions penser, à ce propos, que le fait de reprendre des figures historiques le pousserait à les traiter avec respect. Que nenni ! Surtout pas ! La force de l’auteur, c’est de faire dans l’extravagance, dans le n’importe quoi, dans la caricature poussée dans ses derniers retranchements, dans le délire de Série B absolue ; il suffit de voir ses prêtres tueurs armés de bibles et de katanas bénis dans Hellsing pour comprendre qu’il s’autorise absolument tout et n’a peur de rien.
Et c’est pour ça qu’on l’aime. Enfin, c’est pour ça que je l’aime, plus exactement.
Son précédent titre souffrait de quelques longueurs, mais pour l’instant, il n’en va pas de même de Drifters, qui alterne batailles épiques, massacres en règle, et rencontres forcément hallucinantes entre légendes qui n’auraient jamais dû se croiser.
Alors si comme moi vous aimez les samouraïs qui se battent avec des cowboys et des pucelles, les tripes étalées sur le sol, les elfes à gros seins, l’humour débile, Hellsing, et que vous êtes patients, nul doute que vous trouverez dans le délire jusqu’au-boutiste de ce manga de quoi vous rassasiez.