Après la passation de pouvoir de l'album précédent dans lequel Franquin donna les clefs de son univers à Fournier (exception faite du marsupilami), le nouveau dessinateur s'approprie un peu plus cet univers lors de l'album qui nous intéresse en ajoutant un nouveau personnage à la série, l'illusionniste et mycologue japonais Itoh Kata, dans la grande tradition de ce qu'avait fait Franquin avant lui, et crée également une organisation criminelle aux visées internationales et qui ressemble un peu à une version parodique de ce qu'on pourrait trouver dans un James Bond: Le Triangle.
A noter que Fournier donne un peu plus d'importance à Spip pour contrebalancer la disparition du marsupîlami.
L'album est donc pour une bonne part une longue course poursuite entre Le Triangle et Spirou et Fantasio pour un champignon aux propriétés extraordinaires qu'Itoh Kata veut faire parvenir au comte de Champignac. Le champignon change de main régulièrement durant une aventure ponctuée de nombreux gags, mettant en scène l'organisation très hiérarchisée du triangle, qui sont parfois laborieusement amenés au travers d'un découpage qui manque peut-être de punch.
L'humour de situation ne fonctionne pas trop mal, contrairement à la caractérisation parfois un peu excessive du Doktor Boumboum ou de la société japonaise. Tout ça reste tout de même bon enfant.
Fournier à travers la fameuse Noémie introduit une dimension écologique à son histoire avec cette voiture fonctionnant au biocarburant.
La BD reste bien rythmée et on ne s'ennuie pas, même si tout ça se conclu sur un gros deus ex machina un peu facile à coup de bombe qui se trouve comme par hasard à l'endroit le plus approprié (mais encore une fois, ce genre de facilités se sont déjà produites sous l'ère Franquin).
Fournier continue donc son travail d'exploration et de réappropriation de l'univers de Spirou et Fantasio avec un album qui est meilleur que le précédent et ne démérite pas, mais ne parvient pas encore véritablement à décoller.