Le monde se lève désormais à l'heure allemande.
Après avoir administré une dérouillée monumentale à l’Angleterre de Churchill, corrompu ce qu’il restait de l'autorité française et envahi le territoire des communistes à coup de bombe nucléaire, voilà que ce petit filou d'Hitler a décrété que l'espace serait un jour sous le contrôle de l'Allemagne Nazie.
Avec le concours du professeur Von Braun, la Sainte Allemagne se prépare à la conquête spatiale, mais elle n'est pas la seule nation à vouloir s’approprier les cieux : Les USA, après une très longue période d'isolationnisme décident subitement de sortir de leur torpeur en combattant les nazis sur le terrain de la science et de l’aérospatiale.
Space Reich, Duel d'aigles est une relecture uchronique de la conquête spatiale du XXe où le bloc communiste est remplacé par une Allemagne fasciste victorieuse toujours sous le contrôle de la SS...et ça ne va pas malheureusement pas plus loin.
Son histoire au ton extrêmement sérieux, voir quasi-scientifique, écarte d'entrée de jeu toute possibilité de second degré et d'originalité dans le traitement. Space Reich est donc une uchronie froide au résonnement purement mathématique.
Pas de grain de folie, pas d'idées vraiment novatrices, le livre souffre d'un manque d'ambition alarmant et son univers, quoique réaliste, se révèle terne et sans personnalité.
Le rythme du récit est également incroyablement lent malgré les ellipses temporelles utilisées pour faire avancer l'histoire. Cette dernière se perd dans des sous-intrigues sans intérêt sur le combat de la France libre du général De Gaulle (faut bien le foutre quelque part celui-là), le journalisme d'époque, l'enterrement du maréchal Pétain et d'autres éléments sans rapport avec le thème principal.
Si son univers est insipide et son contexte pas des plus passionnant, les personnages ne sont pas spécialement bon non plus.
Pour commencer, le livre ne s'attarde sur pratiquement aucun de ses protagonistes. Il les fait défiler un par un au fil des pages mais ne prend jamais le temps de se poser 5 minutes et de présenter autre chose qu'une psychologie pathétique proche de la caricature.
Cela nous donne une liste de personnages historiques longue comme le bras mais remplie de personnages dénués d’intérêt et à la personnalité vaseuse pour ne pas dire inexistante.
Le manque d'épaisseur des personnages s'explique également par la présence de dialogues assez fades qui se bornent à rester dans le domaine étriqué du pragmatisme et de l'utilitaire. C'est une bonne idée d'avoir utilisé des personnages historiques comme Korolev ou Van Braun mais si c'est pour ensuite leur enlever toute trace d'humanité, autant les mettre en second plan.
De ce fait, les interactions entre les différents personnages manquent clairement de chaleur humaine et les émotions semblent avoir été bannies à tout jamais de cette intrigue déjà affreusement caricaturale.
Pour ne rien arranger, le dessin n'est pas des plus mémorables. Il n'est pas mauvais en soi mais il semble tout de même bâclé. Les personnages sont difficiles à distinguer et le manque de détail se fait sentir à travers toutes les pages du récit : des rues vides, des chambres au confort spartiates, des problème de proportion assez gênants.
Il y a également une profusion de case dans la mise en scène qui à tendance à rendre certaines planches brouillonnes, voir illisibles et qui empêche le dessin de prendre son envol.
Malgré un travail de documentation vraiment solide, Space Reich souffre de défauts rédhibitoires : son esthétique s'avère minimaliste, ses personnages creux et sans âme, son histoire brouillonne et vraiment molle, son dessin efficace mais sans génie et son manque d'ambition et de fraîcheur des plus dramatiques.
Je ne serai pas de la suite, Auf Wiedersehen.