Voici un livre, largement célébré par la presse et dans les festivals, qui m'a laissé songeur. Pas dubitatif, non… songeur ! Alors, chef d'œuvre au quatrième degré, ou simple blague potache un peu en roue libre ? Pas facile de trancher, car si l'on comprend bien la mécanique originale, maligne, mise en branle par Joe Daly, s'inspirant finement des règles assez crétines (il faut bien le dire) des jeux vidéo, on peine un peu à savoir où il veut nous emmener. Vers une critique décalée du comportement des ados, n'utilisant leurs talents que pour se livrer à des jeux décérébrés et des commentaires méchants ? Ce ne serait alors pas grand-chose : ni original, ni vraiment drôle, ce genre de pamphlet tomberait bien à plat. Entraîner au contraire ses lecteurs dans un monde aussi inquiétant que fascinant, à la manière des grands artistes américains du moment (on pense à Charles Burns, évidemment..) ? Pour cela, "Dungeon Quest" manque encore un peu de consistance comme de profondeur. Tomber franchement dans le délire décalé genre Pierre La Police ? On n'y est pas encore, même si on frôle ce genre "d'extrêmes" par instants ("Et pourquoi la bite de Lash se met en tire-bouchon dans son calbut ?" : voilà une question qui mérite d'être posée, non ?). Pour le moment, Joe Daly reste un peu flottant entre tous ces "scénarios". Il va falloir poursuivre le jeu de rôle avec lui pour avoir des réponses… Ou pas. [Critique écrite en 2010]