L’exploration de la psychologie des tueurs en série est à la mode, depuis quelques années. Mais, il faut reconnaitre qu’ils exercent une fascination particulière chez les américains. Et même si cela fait froid dans le dos, je dois dire que j’ai, de mon côté, toujours été attirée par ces profils, ces gens, qui un jour bascuent dans l’horreur. J’ai toujours voulu comprendre comment un être humain pouvait basculer du côté obscure.


Toutes les études psychologiques font état de maltraitance durant l’enfance. Et même si je comprends, conçois et accorde une large part à cette vérité, je dois dire que je ne comprends toujours pas, comment d’autres personnes, ayant eu un vécu tout aussi sordide, ne basculent pas ! J’aurais forcément une réponse un jour…


Avec ce roman graphique, Harold Schechter, nous plonge dans l’histoire de Ed Gein, l’un des tueurs en série américains, les plus terrifiants.


Au départ, Edward Theodore Gein, « le boucher de Plainfield » est accusé d’avoir assassiné deux femmes, et mutilé plusieurs cadavres qu’il a déterrés. Mais on retrouve chez lui des visages et ossements provenant de quinze corps attribués aux violations de sépultures dont il avoue être coupable.


La construction est assez intéressante, on y retrouve tous les codes du documentaire criminel, true crime, initialement littéraire, ce genre est aujourd’hui largement diffusé à la télévision, au cinéma et en podcast. Il vise à dépeindre la réalité des crimes et des criminels qui ont réellement existé. Certains auteurs décrivent ces faits criminels le plus fidèlement possible et c’est ce que fait ce roman graphique.


Même si je suis friande de lecture sur les tueurs en série, je dois dire que le format roman graphique est le format que je préfère. Tout du moins en documentaire. Je ne rechigne pas à lire un bon livre avec un tueur en série.


Harold Schechter explore la vie de Ed Gein, de son enfance jusqu’au moment où tout bascule. Tous les ingrédients sont présents pour faire de Ed, un futur névrosé ou un futur tueur. Les premiers signes sont déjà présents, mais face à la maltraitance qu’il subit, l’isolement, rien ne transpire.


La psychologie est finement décortiquée, les causes, les raisons tout est exploré de manière quasi clinique, cinématographique, comme un entretien avec un journaliste.


C’est une biographie, qui n’essaie pas de donner raison ou tort, qui reste assez factuelle, clinique et c’est ce qui la rend très intéressante. Elle montre avec une certaine distance, comment l’environnement dans lequel Ed Gein a grandit, a construit sa psychologie torturée et n’a fait qu’accentuer les traumatismes déjà présents.


Les planches en noir et blanc avec plusieurs nuances de gris, reflètent l’anxiété dans laquelle Ed Gein était enfant, mais aussi celle du choc d’un pays, et enfin de la prise de conscience que derrière chaque personne peut se cacher un tueur en série.


Lors de son procès, le 22 novembre 1957, il est déclaré aliéné au moment du crime, mais les experts psychiatres, pour calmer les esprits, estiment qu’un procès est envisageable dans quelques années, selon son évolution psychiatrique.


En novembre 1968, Ed Gein est déclaré sain d’esprit et peut être jugé. Les preuves sont nombreuses, en à peine une semaine le procès est bouclé et Gein est déclaré coupable de meurtre avec préméditation. Lors d’un troisième procès, il est déclaré non coupable car mentalement irresponsable, et finalement il ne sera jamais jugé pour ses crimes. Mais, son histoire aura inspiré le monde du cinéma et aura laissé des traces dans les consciences collectives.


Ce fait divers est à l’origine du film Psychose d’Alfred Hitchcock, en 1960, d’après le roman de Robert Bloch, mais aussi, chose incroyable, de Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, en 1974, pour ne parler que des films les plus marquants. Mais il aura influencé nombre de réalisateurs, dans la mise en scène des tueurs en série.


https://julitlesmots.com/2022/05/31/ed-gein-autopsie-dun-tueur-en-serie-de-harold-schechter-et-eric-powell/

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le 7 oct. 2022

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