Avant même de lire cet opus, je n'étais pas franchement emballé : le titre aux airs de mauvais "actionners" des années 80, une couverture qui annonce de la grosse baston qui tache, tout cela sentait rudement l'opus un peu bourrin de la saga. Que ceux que ce type de récits ne branche pas trop se rassurent, on reste pleinement dans l'état d'esprit de la série. Suite directe de Pour Maria, El Cascador reprend même les bonnes vieilles recettes habituelles. Un peu trop même, pourrait-on ajouter : le Major Jones qui vient à la rescousse de XIII dans une opération totalement insensée, XIII qui s'entête à vouloir en savoir plus et s'attire de nouveaux ennuis, et une dernière partie complètement lunaire qui laisse honnêtement pantois. Il faut voir notre héros faire demi-tour pour remettre le nez dans les emmerdes, être arrêté et jugé par un tribunal révolutionnaire avec, pour avocat, un nouveau comparse qui va réussir, évidemment, à le tirer de là.
On retrouve bien les clichés d'un certain cinéma américain mais on a un peu de mal à avaler tout cela ici. Trop, c'est trop, jusqu'au procès où le malin avocat démonte un à un toutes les preuves d'une accusation qui a le pouvoir pour elle, ou presque. Au-delà d'être surréaliste, cette dernière partie jette également un voile sur le récit lui-même qui est un peu difficile à suivre sur les rôles joués par chacun. Mais le plus décevant dans cette opus est assurément la révélation finale qui attend XIII dans les deux dernières pages. À force de vouloir multiplier les coups de théâtre, Jean Van Hamme finit par en faire beaucoup trop. Avec cette énième révélation sur la vie passée de XIII, on peut, à juste titre, considérer que la coupe déborde. Il était tout à fait possible d'écrire la même histoire en se privant de cette improbable confidence.
On sort donc de cet opus, et plus largement de ce cycle en Amérique du Sud, un peu perplexe. La bonne nouvelle, toutefois, est que Jean Van Hamme a réussi à nous tenir en haleine. Si ce que nous y apprenons désarçonne, l'histoire est rondement menée avec autant d'action que de scènes d'introspection. On comprend cependant, dans une vignette totalement ironique, que le Major Jones commence à se lasser des sempiternelles histoires qui collent à la peau de son XIII. Nous aussi, honnêtement, ça nous chatouille un peu la cervelle, et les interrogations sentimentales du héros ne sont vraiment pas convaincantes. Heureusement le trait de William Vance et l'ambiance poisseuse visent juste.