Elektra
7.5
Elektra

Comics de Frank Miller et Bill Sienkiewicz (1989)

J'avais déjà adoré la collaboration de Sienkiewicz et Miller sur Daredevil Love & War qui est un pur chef-d’œuvre, donc c'est avec une assez grande joie que je me suis jeté sur cet album étrangement jamais réédité par Panini (les noms sur la couverture ne sont pas vendeurs ? Les gens sont si hermétiques que ça au génie graphique de Sienkiewicz ?).

Alors attention : cet album n'est pas aussi accessible que Daredevil Love & War et le premier chapitre est assez hardcore. Si vous aimez les comics de super héros mainstream, aux graphismes classiques, racontés de manière classique, avec une narration classique et où l'on comprend tout tout de suite, ce n'est pas la peine de tenter cette lecture. Si déjà vous êtes un peu plus curieux et que vous prenez la peine de vous accrocher pour passer le premier chapitre passablement alambiqué et incompréhensible, vous entrez dans une très bonne histoire.

Ce n'est peut être pas aussi grand que Daredevil : Born Again ou The Dark Knight Returns, mais ça reste quand même du bon gros comics qui fait plaisir à lire. L'histoire est un délire total à la Miller, ça part dans tous les sens, c'est assez crétin et bourrin, mais il y a de vrais trouvailles, des personnages ultra charismatiques, une pelletée de grands moments et une histoire entraînante.

Après une revue de l'enfance tortueuse d'Elektra, on la suit durant tout l'album dans son combat en tant que Ninja face à la Bête et à sa Main, le groupe de ninjas belliqueux de l'univers Marvel. La Bête est une entité mystique qui veut la destruction du monde et qui prépare son plan en secret et Elektra tentera tout pour l'arrêté, et elle est bien aidée dans sa tâche par ses compétences ninjas, comme le maniement du sabre japonais, mais surtout ses capacités de télépathe et sa capacité à pouvoir changer de corps quand la force des choses l'exige. Oui, je ne le savais pas, mais Elektra n'est pas qu'une humaine surentraînée, elle a des putains de pouvoirs Ninja.

Sa quête va être assez ardue à accomplir, connaître moults rebondissements, et surtout croiser la route d'un personnage génial, l'agent du S.H.I.E.L.D. Garrett, un agent un peu pourri devenu une sorte de cyborge, qui essaye à la base d'arrêter notre héroïne de ninja mais qui va se retrouver lié à Elektra dans son esprit et les deux compères vont alors former un duo du tonnerre. On sera pendant toute une partie du récit dans l'esprit de Garrett et c'est assez jouissif car le type réfléchit comme un mec lambda un peu looser et il va se retrouver dans des situations pas possibles, parfois intenses et souvent très drôles. Il est vraiment très attachant et on l'accompagne volontiers dans l'aventure.

Mais les autres personnages ne sont pas en reste, que ce soit ce candidat à la présidentielle avec une tête qui sourie de face photocopiée d'une case à l'autre, quoi qu'il fasse, ou l'agent du S.H.I.E.L.D. Chastity avec sa boucle d'oreille en croix géante et son refus de tout juron dans son unité, ou ses étranges nains bleus au service du S.H.I.E.L.D. Il y a en fait une sacrée galerie de personnage créés spécialement pour cette série et ils sont vraiment truculents et on se demande en permanence comment ça se fait qu'ils ne se sont pas imposer dans l'univers Marvel après ça ?

Graphiquement, Sienkiewicz se lâche complètement. Ses planches sont complètement folles, avec des changements de techniques graphiques à la volée, des personnages qui se déforment et qui sont ultra expressifs, des grosses cases qui envoient du lourd, des designs de protagonistes ultra réussis et une maîtrise de sa peinture, de ses crayons de couleurs et de ses autres outils de dessins (des collages même parfois) assez folle. Les couleurs sont splendides, ce qui fait toujours plaisir sur un vieux comics, et au final c'est vraiment un album visuellement marquant. Personnellement j'adore vraiment le style de Sienkiewicz, ce mec est un tueur !

Miller, à la narration, est toujours un cador. Il use et abuse des narratifs internes pour nous faire vivre dans les personnages, rend à merveille la confusion de leur pensée, intègre de manière toujours aussi organique les médias dans son histoire (un peu comme dans TDKR, en moins poussé) et nous balance pleins de rapports du S.H.I.E.L.D. qui sont intelligemment mis en scène pour ne jamais être indigestes (surtout qu'ils sont biens écrits, en fait). Si le début de l'histoire est confus, ça se rattrape largement après avec quelque chose de beaucoup plus fluide et appréhendable rapidement. On reconstruit le puzzle de l'intrigue au fur et à mesure avant d'être littéralement transporté dans un déluge d'action vers la fin. Miller sait en plus faire de jolis rebondissements de situations qui maintiennent le lecteur en haleine jusqu'à la fin, assez rentre dedans et provoc' à la Wanted ou Punk Rock Jesus. D'ailleurs niveau provoc', à noter que ce comic book est plus adulte que la moyenne avec, notamment, des insultes non censurées (ça fait du bien !) et pas mal d'allusions sexuelles. On sent vraiment que les auteurs se sont tout permis.

Franchement, Elektra (ou Elektra Assassin en VO) est un très bon album. Pas besoin de connaître Elektra avant (je ne la connaissais pas vraiment pour ma part), tout ce qu'il y a a comprendre est expliqué dans l'album. C'est une excellente histoire, qui mêle ninja, mysticisme, complot, action et espionnage avec brio pour un récit qui est autant celui d'Elektra que celui du S.H.I.E.L.D (pour ceux qui veulent des lectures sur l'agence gouvernementale de Marvel... Tournez vous vers ce titre !). En outre, c'est graphiquement très original et plutôt brillant à ce niveau là. Bref, une sacrée découverte et un immanquable Marvel, à mon sens.
arnonaud
9
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le 26 avr. 2014

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arnonaud

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