Ma vie avec Clint
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
le 14 oct. 2016
127 j'aime
31
Une question me taraude, qu’apporte au public une biographie d’Elvis Presley en bande dessinée ? Surtout aussi classique dans sa forme – le dessin de Kent est réaliste, s’autorisant des apartés comiques, précis mais rapidement tracé en noir et blanc – et dans son scénario – une mise en abîme et une succession de flash-back. Elvis meurt... Un gamin s’étonne de l’affliction générale, des fans se proposent pour lui conter la légende de Menphis. Des témoins interviennent, Elvis enfant, Elvis à Las Vegas, Elvis et les filles, Elvis en Allemagne et en France...
Est-ce simplement pour nous faciliter la vie ? Nous épargner la fatigue de lire un livre ? Tant qu’à faire simple, il manque sa musique. Elvis mériterait un grand documentaire, à l’image de l’extraordinaire (Bob) Marley de Kevin Macdonald (2012).
Avouons que Patrick Mahé prend néanmoins le temps de nous faire découvrir le jeune homme, simple et généreux, derrière l’idole de toute une génération. Issu d’une famille pauvre, Elvis chante partout, à l’école et à l’office. Il retient tout, avale, digère et en donne sa propre version. Elvis invente le rock. Une musique sensuelle, qui bouge. Elvis se déhanche sur scène ! Le scandale est immense, un Blanc ne saurait danser comme les Noirs ! Le succès est immédiat. Si son premier producteur manquait d’ambition, le second, le « colonel » Parker – l’homme à 25 % – voit grand. Il lui fait enchainer concerts, films et télévisions. Elvis est sincèrement surpris par son succès. Persuadé qu’il ne durera pas, que tout cela n’a guère d’importance, bien moins que le gospel qu’il entonnait le dimanche, il entend en faire profiter sa famille, ses amis, ses potes et ses innombrables fiancées... Toute une cour vit à ses dépens, l’accompagnant en tournée dans le confortable bus, qu’il conduit lui-même. Elvis donne et se donne sans compter. Contrait à se droguer pour tenir, à se droguer pour dormir, il perd les pédales, se reprend et succombe au faîte d’une gloire retrouvée. Elvis est éternel.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes BD 45 One shot (ou presque) à lire et relire, 154 critiques de bandes dessinées et Critiques de 55 BD récentes - Benzine
Créée
le 13 déc. 2019
Critique lue 175 fois
11 j'aime
Du même critique
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
le 14 oct. 2016
127 j'aime
31
Je dois à Hayao Miyazaki mon passage à l’âge adulte. Il était temps, j’avais 35 ans. Ne vous méprenez pas, j’étais marié, père de famille et autonome financièrement. Seulement, ma vision du monde...
le 20 nov. 2017
123 j'aime
12
J’avais sept ans. Mon père, ce géant au regard si doux, déposait une bande dessinée sur la table basse du salon. Il souriait. Papa parlait peu et riait moins encore. Or, dans la semaine qui suivit, à...
le 11 juin 2016
123 j'aime
30