Une formidable fresque victorienne sur fond de romance
Je voulais le lire depuis longtemps... Tout concourt quasiment à vous ravir dans ce manga : la romance, l’ambiance victorienne, les personnages, les détails. Bref, un ravissement pour l’œil. Il faut savoir que l’histoire se termine au tome 7, mais que la mangaka a consacré trois volumes concernant les autres personnages, ou pour mettre un point d’orgue à l’histoire entre William et Emma.
Comme souligné, le décor de l’Angleterre victorienne est superbement planté. On voit le travail de l’auteur sur les détails. C’est reconstitué avec une minutie presque effarante, mais ce décor m’a vraiment plu. Même si on n’entre pas totalement dans l’histoire victorienne, on se laisse vite happer par l’atmosphère qui se dégage des dessins. En plus d’avoir soigné ses décors, la mangaka a aussi soigné les habits de ses personnages. Là encore, peu de choses à dire, juste à admirer le travail sur les costumes de l’époque. Un souci de fidélité qui ne fait qu’ancrer le récit dans la réalité de l’époque. Mais Emma, c’est aussi l’Angleterre durant sa Révolution industrielle, on suit donc (même si ce n’est pas le plus prépondérant) les évolutions au fur et à mesure de l’Angleterre. Il s’ensuit que derrière tout cet aspect, c’est aussi la question des statuts sociaux qui est abordés. Le fait qu’il est très mal de voir une soubrette avec un gentilhomme. Cette question est abordée durant toute l’histoire et ne cessera de remettre en question la romance entre Emma et William. Plus loin, il faut aussi voir la difficulté de se faire accepter et la lucidité dont font preuve les deux personnages le plus souvent.
Mais Emma, c’est surtout la romance et quelle romance sincèrement ! Je dois avouer que j’ai été plutôt émue par la manière dont Kaoru Mori raconte leur histoire. C’est assez bouleversant et souvent, il n’est même pas besoin de mots pour comprendre la passion entre Emma et William. Car la mangaka sait faire preuve d’une grande subtilité, mettant souvent en avant les expressions des personnages pour trahir leurs troubles. On ne peut que s’émouvoir devant la pureté de leur amour quelque part. S’ils éloignent, on constate que leurs cœurs ne le sont jamais réellement. Mais forcément, cette histoire est remise en cause par une société aristocratique qui ne tolère pas les écarts. Et William en fera les frais. Ce que j’ai admiré chez lui, c’est la métamorphose qui s’empare de lui : il devient un jeune aristocrate mondain juste pour satisfaire les exigences paternelles, et capable d’abnégation quitte à en être malheureux. Toutefois, il y a aussi le William révolté qui ne veut pas se faire dicter sa vie, ni ses choix amoureux. Et j’ai vraiment aimé la manière dont il se transcende pour faire accepter ses choix, quitte à se mettre sa famille à dos. Quant à Emma, elle possède une grandeur inexplicable. Si la jeune femme a conscience que leurs milieux sont inconciliables, il reste qu’elle s’efforce de ne pas paraître affectée, même si le lecteur ne s’y trompe pas.
On peut juste regretter que dans le tome 7, certains éléments ne soient pas plus crédibles. Mais on passera ce détail tant l’histoire est captivante.
Point qui m’a fait plaisir, c’est que la mangaka ne néglige pas les personnages. Tous les personnages ont droit à des séquences que ce soit à travers des flashback ou bien pour montrer ce qu’il est advenu plus ou moins d’eux. J’ai beaucoup apprécié cet aspect, car il faut bien le dire, les personnalités dans Emma, se démarquent réellement que ce soit Hakim, l’ami indien de William ou encore les frères et sœurs de William.
Visuellement, je me suis déjà un peu étalée dessus, mais c’est une pure réussite. Quelle minutie !! Un trait qui laisse transparaître tant d’émotions, des décors soignés, une mise en scène réussie. En somme, un travail artistique !
Un vrai coup de cœur !