Les italiens, quelle bande de couilles molles

Ce n'est pas mal, dans le genre très surestimé de la bd documentaire. Le principal intérêt historique de l'œuvre est de nous apprendre que, sous le régime fasciste et avant la guerre, on cantonnait les homo dans une île. De là, deux conclusions:
- les fascistes sont beaucoup plus sympas que les nazis: pas d'élimination, et pas d'humiliation systématique, juste la réclusion (je n'ai pas dit que c'était rien, mais la bd ne nous montre rien de pire que cela).
- que se serait-il passé si les allemands avaient eu des îles bien à eux à leur disposition?
Toutefois, le cœur du récit n'est pas là. Comme dans Maus, la problématique essentielle est la transmission. Le témoin était un jeune homme très cool, désinvolte, droit (pas de collaboration avec le surveillant) et drôle. Il a un lourd secret qui, en plus de la honte nationale que constitue cette "île de concentration", l'empêche de raconter sereinement. Les "récepteurs" sont des journalistes dont l'un a un lourd secret qui, tout en le poussant à faire ce reportage, l'empêche de se comporter sereinement avec le témoin. Les deux lourds secrets sont assez émouvants, le second très facile à deviner, le premier pas du tout car entaché d'une violence qu'on ne voit pas venir.
Le dessin m'a beaucoup déplu, ou plutôt la mise en couleurs quadrichromique, ce qui me rend un peu froid dans mon appréciation de l'œuvre. Je ressens comme un chantage à la douleur de l'Histoire: j'apprécie, sans plus, mais je ne peux rejeter, parce que le fond est vrai. Nous vivrons à jamais dans l'ombre des crimes de nos ancêtres, je crois.