Trees est une bonne surprise qui nous vient d'un auteur dont je me méfiais un peu car si j'ai trouvé son "Planetary" réellement intéressant, j'avais un peu tiqué sur "Black Summer" et " No heroes", deux récits assez politiques, trop gores, et un peu ampoulés. "Trees" est une bouffée d'air frais dans son univers de super-héros en crise, et nous place dans un futur peu éloigné où notre monde voit atterrir (de manière assez catastrophique dans certains cas) des espèces de pylônes gigantesques qui seront appelés "arbres" et à l'ombre desquels les humains vivent comme des fourmis insignifiantes.
"Trees" n'est pas à proprement parler une histoire d'apocalypse, car même si l'arrivée des arbres a bouleversé le monde et renversé l'organisation actuelle, elle semble plutôt coïncider avec la cristallisation de nos tendances autoritaires ou facistes. A l'ombre des arbres silencieux s'épanouit peu de joie et beaucoup de violence, ainsi qu'une foultitude de drônes tueurs, de policiers véreux, de dictateurs malins et d’actions répressives. Situant l'action de son comic dans divers pays (Arctique, Londres, les îles nordiques, Chine etc... ) Ellis nous fait suivre divers personnages dont certains sont directement concernés par les arbres (des scientifiques en quête de réponses, des politiciens qui cherchent un "angle") ou qui simplement vivent leurs vies dans le contexte violent de régimes mafieux ou autoritaires.
Les deux premiers tomes proposent des arcs très différents, touchant donc à la science-fiction (que veulent donc ces "arbres"?), à la politique orwellienne, et même aux questions de genre. J'ai trouvé les chapitres variés et intéressants, même si je regrette que la plupart des personnages soient plutôt antipathiques et que cela nous empêche de nous immerger dans l'histoire. L'énigme profonde et la menace sourde que font peser les arbres sur le monde donne au récit une atmosphère dense et mystérieuse à souhait et le malaise est bien amené que ressent une humanité frappée par la puissante indifférence de ses visiteurs.
Je ne suis pas super fan du dessin de Jason Howard, qui manque un peu de finesse je trouve, mais les couleurs et la mise en page collent bien au récit.
Le scénario fournit pour l'instant peu de réponses mais pointe vers beaucoup de possibilités et j'avoue que ma curiosité a été piquée à vif. J'espère que le troisième tome jouera plus sur les énigmes et moins sur la violence, mais bon, on verra ça... Essayez-le , c'est pas mal comme truc, guys et guysettes!
(Mon titre est une citation biblique, mais surtout le titre d'une bonne nouvelle de Isaac Asimov ;-) )