Erectus
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Erectus

BD franco-belge de Xavier Müller et Erik Juszezak (2024)

Adaptation d’un roman de science-fiction, cette bande dessinée ne renouvelle en rien le genre, mais procure, par son côté ludique et spectaculaire, angoissant aussi, un bon moment de lecture, suscitant même quelques questionnements sur ce qui fait notre humanité…


Résumé : Panique sur la planète Terre ! Un nouveau virus redoutable a fait son apparition et se répand à toute vitesse ! Sa particularité : toute créature ou plante l’ayant contracté mue sous sa forme préhistorique. Le pire, c’est que cela concerne également les humains ! Les gouvernements sont sur le pied de guerre, d’autant que les scientifiques semblent impuissants devant l’ampleur de la contamination. Que faire désormais de ces meutes d’Homo erectus , incapables de s’exprimer dans une langue humaine et préférant vivre nus ? Peut-on seulement concevoir de les laisser en liberté parmi leur descendants dits « civilisés », les Sapiens ? Ne faut-il tout simplement pas les éliminer ?


Inspiré du roman homonyme de Xavier Müller, « Erectus » n’est que l’adaptation du tome 1 sur les trois parus. Et le récit, s’il fait résonner en nous les angoisses engendrées par l’apparition du Covid et le confinement qui en a résulté, a pourtant été publié deux ans avant. Le virus décrit dans le livre est pourtant autrement terrifiant dans la mesure où il fait peser la menace d’une régression sur l’ensemble de la faune et la flore terrestre, ce qui inclut l’humanité.


Erik Juszezak a su s’emparer de l’œuvre pour la restituer de façon synthétique dans sa bande dessinée d’un peu plus de cent pages. Bien sûr, on s’en doutait un peu rien qu’en feuilletant l’ouvrage : le dessin réaliste très bien exécuté mais plutôt en mode « BD à papa » n’allait pas révolutionner le neuvième art. Mais il faut le reconnaître, c’est un bon moment de lecture qui se dévore d’une traite, grâce notamment à un thème plus qu’intrigant, voire cauchemardesque.


De plus, outre celui d’un virus ravageur, « Erectus » aborde un autre sujet qui interroge notre humanité en ces temps incertains où intolérance et obscurantisme menacent d’engloutir nos démocraties : celui de l’accueil réservé à une population différente, en l’occurrence ici une espèce antédiluvienne dont les membres sont en quelque sorte nos cousins éloignés.


Certes, certains éléments du récit m’ont laissé perplexe, notamment l’absence de précautions vis-à-vis des sujets contaminés, a fortiori des scientifiques qui n’hésitent pas à les palper allègrement pour y détecter des lésions éventuelles (un détail qui saute aux yeux quand on a vécu la parano liée au coronavirus). De même, je n’ai pu retenir un sourire devant les états d’âme, quelque peu décalés dans un tel contexte, de la paléontologue Anna Meunier, gaulée comme une princesse, qui fond littéralement à la vue du beau gosse biologiste Lucas Carvalho. Mais il n’est pas interdit de faire preuve d’indulgence, voire trouver que cela ajoute au charme un rien suranné de l’objet.


Globalement, Erik Juszezak nous offre une adaptation plaisante qui séduira les jeunes de 7 à 77 ans. Ceux-ci ne pourront que s’extasier devant la représentation convaincante des créatures préhistoriques — on apprend d’ailleurs avec étonnement que l’ancêtre de la baleine ressemblait à un mammifère à l’apparence de canidé, le pakicetus ! On ne saurait dire avec assurance si le virus Kruger (c’est son nom), en comparaison duquel le Covid ressemble à une « grippette », est juste le résultat d’élucubrations de Xavier Müller, lui-même journaliste scientifique, mais une chose est sûre : on n’a pas forcément envie de le savoir !

LaurentProudhon
7
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le 1 juil. 2024

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