Éveil, premier tome de Klaw par Antoine Ozanam et Joël Jurion, c’est un peu comme découvrir un super-pouvoir en pleine adolescence : excitant au début, mais pas mal brouillon une fois que l’enthousiasme retombe. Cette entrée en matière dans un univers où les humains cohabitent (sans le savoir) avec des forces totemiques est riche en potentiel… mais peine parfois à trouver sa voie.
L’histoire suit Ange, un ado paumé et malmené, qui découvre qu’il est lié à un totem animal : le Tigre. On pourrait croire que ça l’aide à mieux gérer ses soucis, mais pas vraiment : entre mafias, mystères familiaux, et bastons déchaînées, sa vie devient un joyeux chaos. Si l’idée d’associer des humains à des pouvoirs bestiaux est séduisante, le récit avance à un rythme inégal, entre moments de tension réussis et passages qui manquent un peu de mordant.
Visuellement, Joël Jurion est dans son élément. Son dessin dynamique et expressif donne vie à des scènes d’action qui font vibrer les pages. Les transformations totemiques, en particulier, sont spectaculaires, avec un vrai souci du détail dans la représentation animale. Cependant, certains décors ou personnages secondaires sont moins soignés, ce qui peut casser l’immersion.
Côté scénario, Antoine Ozanam pose les bases d’un univers riche en mythologie, mais semble vouloir en dire trop d’un coup. Le résultat, c’est un mélange d’exposition un peu forcée et de séquences qui manquent de fluidité. On sent que l’histoire a beaucoup à offrir, mais ce premier tome donne l’impression de jeter des pistes sans vraiment les approfondir. C’est comme un puzzle où il manquerait quelques pièces pour qu’on voie l’image complète.
Le vrai problème, c’est qu’Ange, le héros, a du mal à susciter de l’empathie. Certes, il est dans une situation compliquée, mais son attitude parfois stéréotypée d’ado rebelle limite l’attachement. Heureusement, les personnages secondaires, notamment certains alliés et ennemis mystérieux, ajoutent un peu de relief à l’ensemble.
En résumé : Éveil est un premier tome prometteur qui pose les bases d’un univers original mais peine à trouver son équilibre entre exposition et action. Si le dessin accroche l’œil et que l’idée des totems intrigue, le scénario reste encore trop superficiel pour totalement captiver. Une lecture plaisante mais frustrante, qui donne envie de griffer la suite pour voir si le potentiel se libère enfin.