Manhattan est en proie à la panique ! Et pour cause, un volcan est apparu en plein centre ville. Non, vous pourrez vous répéter la phrase plein de fois dans votre tête, ça n'aura toujours pas beaucoup de sens. Et cela n'aura toujours aucun rapport avec le film dans lequel joue Tommy Lee Jones je crois... M'enfin bon, c'est pas grave, puisque le Captain Atom, anciennement membre de l'US Air Force connu sous le nom de Nathaniel Adam, est là ! Ok, tout le monde a peur de lui. Ok, tout le monde croit que le volcan est apparu par sa faute (ce qui aurait plus de sens me diriez-vous). Mais le type, c'est un mec sympa. Il a certes un peu perdu de son humanité, depuis que les militaires se sont amusés à faire de lui une arme de destruction massive (ils s'ennuient les militaires des fois, c'est comme ça), il galère aussi un "chouia" à contrôler ses pouvoirs, mais son cœur reste intact, et agir pour protéger l'innocent reste son devoir ! Les cendres et les flammes se transforment en neige, la centrale nucléaire qui était sur le point d'exploser est réparée, et Atom rentre à la base, tout fier de lui. Il y trouvera Ranita, une charmante jeune femme qui est scientifique, à défaut de lui trouver un véritable rôle. Et un certain professeur Megala, qui porte bien son nom si vous voulez mon avis, et qui est aussi légèrement responsable de l'état du Captain aujourd'hui. Puis y'a aussi les gens qui l'aiment pas et qui l'agressent sans raison quand il met les pieds au "labo". Pendant ce temps là, dans une rue malfamée, un rat "mange" des gens. Oui, normal quoi !
Nouveau statu quo pour le Captain Atom qui n'a jamais manqué d'exposition ces dernières années mais cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu sa propre série. C'est un personnage des comics Charlton, inventé par le fameux Steve Dikto. Dans l'âge moderne, le personnage a fait le zouave dans la Justice League International de Giffen et DeMatteis, il est souvent apparu dans la Justice League Unlimited, la série animée des années 90. Et l'année avant le relaunch, il a eu un assez grand rôle dans Justice League - Generation Lost, qui rentrait dans l'event Brightest Day. Au delà de ça, le Captain Atom a eu l'immense privilège d'inspirer (en grande partie) le Docteur Manhattan des Watchmen (comme bon nombre de personnage de Ditko ont inspiré le reste des Gardiens). Notamment sur sa faculté à manipuler les atomes et la structure moléculaire des objets. Atom a toujours été puissant. Mais aujourd'hui (et ce n'est pas forcément négatif), J.T. Krul opte pour la méthode du serpent qui se mord la queue, car il est évident que ce Captain Atom version "New 52" s'inspire à son tour de ce qu'était le Docteur Manhattan. Le Captain Atom a toujours été un personnage avec une vraie personnalité, marquante et plutôt colérique. Ici, on découvre un Atom plus posé, plus calme, et qui n'arrête pas de se poser des questions métaphysiques et spirituelles et qui a en grande partie perdue de son humanité, même s'il lui reste tout de même une grande compassion. On notera le rapprochement avec Manhattan un peu plus dans le second tome, mais je vous en reparlerai le moment venu. Vous noterez aussi, pour conclure cette baignade de similitude et de clins d'œil, que Captain Atom officie à New York, et Manhattan en particulier, dans ce premier tome...
Au final, et même si l'ancienne incarnation du Captain Atom était loin d'être détestable, je trouve que cette nouvelle version apporte de la force au personnage et surtout, de l'intérêt ! Il est beaucoup moins classique qu'avant et certainement beaucoup plus puissant aussi. Même si certains diront qu'il emprunte un peu trop ses pouvoirs à d'autres super héros de l'univers DC, comme les Firestorms (qui sont aussi censés pouvoir manipuler la structure moléculaire des objets). M'enfin la comparaison foireuse s'arrête là, puisque pour Firestorm, les auteurs partent dans un tout autre délire, ça aussi j'en reparlerais, très bientôt...
Pour l'intrigue, et fallait forcément quelque chose qui tache un peu, c'est qu'elle n'est pas toujours très passionnante ou très maligne. D'ailleurs, et c'est un peu un revers de l'intérêt de ce nouveau Captain Atom, c'est qu'on va très souvent tomber dans le pathos. Le personnage n'arrêtant pas de douter de lui, de se poser trop de questions et de multiplier les erreurs. Il faut dire cependant, qu'un tel pouvoir n'est pas facile à maîtriser. Heureusement, ce premier tome tourne surtout autour de ce thème : la maîtrise de soi et de ses pouvoirs. La menace de fond étant par contre suffisamment ridicule pour n'être qu'anecdotique. Captain Atom va passer plus de temps à combattre pour préserver sa propre image (qui a dit "super-héros" ?) qu'à désintégrer le mal qui se distille une ou deux pages par chapitre tout au long de l'arc. Sérieux, si je vous dis que le grand méchant du livre, c'est un rat de laboratoire ? Oui voilà, vous êtes déjà plusieurs à vous marrer. Le pire c'est que c'est vrai. Au delà de ça, évidemment que ça véhicule un message qui reste en accord avec le thème principal, mais punaise, sérieusement !
J'ai très peu parlé des personnages secondaires. Mais il faut dire que le monde tourne tellement autour du nombril de l'Atom (j'espère que vous saisirez toute la subtilité de cette phrase) et de ses problèmes d'états d'âme qu'on en viendrait presque à les oublier. Seul deux se démarquent du lot. Le premier c'est Ranita, une fille du laboratoire dans lequel "vit" Nathaniel Adam, même si encore aujourd'hui, j'ai un peu de mal à saisir ce qu'ils y font dans ce labo (en dehors du fait que c'est une infrastructure gouvernementale). Elle est toute gentille, toute compatissante avec le Captain, et reste sans aucune doute un "love interest" de bas étage, même si techniquement leur amour est impossible. Quelle tragédie ! Bon j'exagère un peu, car il n'est jamais vraiment question de ça. Mais ce personnage, trop sympa pour être crédible me tape un peu sur le système. Il y a ensuite le fameux professeur Megala. Il serait le responsable derrière le projet qui aurait conduit le super-héros dans cet état. Point de rancœur ou de querelle entre les deux. Megala est d'ailleurs handicapé et fait penser vite fait à un Stephen Hawking vieilli et défiguré. Je ne sais pas si le rapport est voulu. En tout cas, ce dernier se place plutôt en mentor pragmatique et essaye de guider son "expérience de laboratoire" vers la paix intérieure et la maîtrise de soi. Le rapport entre les deux personnages est juste et intéressant. On pourra aussi noter l'habituel militaire qui doute du super-héros et qui lui en fout plein la gueule dès que possible et qui n'hésite pas à balancer des têtes nucléaires sur des petits villages, mais heu sérieusement... on connaît tous ce type (qui a dit Général Lane ?) et j'ai pas spécialement envie de m'étendre là dessus tellement c'est cliché !
Vite fait aussi, je veux vous parler d'un détail de cette BD qui m'amuse particulièrement, moi amateur de chronologie de l'univers DC. Chaque nouvelle séquence est marquée d'une série de chiffres. Si on y fait bien attention, on se rend très vite compte qu'il s'agit d'un code qui indique une année fictive, un jour dans l'année et une heure. C'est assez exceptionnel pour être signalé, du coup, il est facile de placer cette histoire dans la continuité et de foutre cette dernière en l'air avec plein de paradoxes !
Les dessins de Fredie Williams II sont quand à eux, assez magnifiques. J'aime ce style graphique bien original qui rappelle un peu de la peinture. La façon dont est dessiné le Captain parmi le reste, tout est pensé au millimètre et c'est juste superbe. On a d'ailleurs certaines splash pages (ou page double si vous préférez) assez magnifiques, je pense notamment à une que je ne peut résister à vous afficher en partie ci-après (oui oui, c'est bien le Flash qu'on voit au fond et ouais, il intervient vite fait dans ce titre, m'enfin c'est le Flash, donc il fait que passer quoi !).
Pour conclure, Captain Atom reste quand même relativement solide de part le nouveau statu quo du personnage et du pouvoir qu'il représente. Il reste cependant dommage de se retaper encore une fois les mêmes schémas du complexe du super-héros qui est mal aimé et qui a un pouvoir qui fait peur aux gens. Les dessins donnant une identité forte à ce titre, ils m'ont clairement aidé à apprécier l'œuvre qui mérite tout de même qu'on y jette un coup d'œil.