La vie de bandit sans Hollywood
Sur deux tomes, Jean-Claude Pautot, grande figure du banditisme à la ffrançaise, nous conte sans concessions sa vie, entre braquages, cavales et prison. Un témoignage rare et prenant, une...
Par
le 20 oct. 2020
Face au mur est un ouvrage dont j’ai découvert l’existence en lisant un article sur un blog. Je m’excuse d’ailleurs auprès de l’auteur de ce dernier de ne pas le citer mais je dois bien avouer que je ne me rappelle plus son nom. Je réparerai cette erreur au plus vite si jamais le souvenir me revient. Néanmoins, une fois cet aparté terminé, je dois dire que la lecture de cette critique m’avait intrigué. Le simple fait que cet album soit le fruit de la collaboration entre un écrivain et un malfrat éveille la curiosité par l’originalité du mariage. En effet, Laurent Astier a rencontré Jean-Claude Pautot au cours d’un atelier de bandes dessinées mené en prison. L’article évoqué plus haut affirmait que l’association des deux hommes donnait lieu à une histoire prenante dans une atmosphère unique et intense. La lecture semblait être envoutante. Etant personnellement un grand adepte des romans noirs et des polars, j’étais donc logiquement intrigué par l’univers partiellement biographique de ce maître du banditisme. J’ai donc franchi le pas en m’offrant récemment le bouquin.
La quatrième de couverture nous présente l’intrigue avec les mots suivants : « Mon métier est inscrit dans mon casier : braqueur multirécidiviste. C’est la seule chose que je sais faire. Depuis le début, je savais que ça allait mal se terminer. Mais je ne savais ni où, ni quand. Et encore moins comment. Et même si quelqu’un me l’avait dit, ça n’aurait rien changé… » Cette description s’inscrit clairement dans les codes classiques du roman noir. Néanmoins, il s’agit à mes yeux d’une des recettes les plus efficaces de la gastronomie littéraire. Le fait que Jean-Claude Pautot, condamné pour des faits de grands banditismes, participe au scénario laisse espérer un réalisme et une intensité très forts.
La narration fait le choix de jouer avec la chronologie. Elle se découpe en sept chapitres contant chacun une étape importante de la vie du personnage principal. La particularité est qu’ils ne sont pas rangés dans l’ordre de leur déroulement. On bascule donc d’une période de la vie du gangster à une autre sans pouvoir anticiper où nous mène ce voyage dans le temps. Cette structure oblige à une mécanique intellectuelle pour remettre les pièces du puzzle dans le bon ordre qui, de mon point de vue, se fait au détriment de l’immersion dans l’histoire. Je trouve que ce choix scénaristique relève davantage du gadget que de la bonne idée et finalement dessert l’ensemble.
Mais ce défaut n’empêche pas chaque chapitre d’être plutôt réussi. Pris indépendamment, chacun est bien construit et prenant. En variant les lieux et les époques, les auteurs arrivent à chaque fois à éveiller la curiosité du lecteur. En caricaturant, j’aurais tendance à dire qu’en prenant cette lecture comme un recueil de nouvelles, la réussite est au rendez-vous. Le fait que chaque pastille soit une pièce d’un plus grand puzzle dont on a du mal à saisir l’image globale affaiblit le bilan. C’est dommage.
En construisant tout l’album sur le parcours d’un homme au parcours plus que discutable, les auteurs prenaient un risque : celui que le lecteur rejette le « héros ». Mais ils sont arrivés à s’en sortir avec une certaine maestria. Pépé éveille de l’empathie à son égard sans pour autant que la narration ne tombe dans le pathos. Le personnage principal est à la fois fascinant, attachant et touchant. Le bilan est que notre attrait à son encontre ne fait que croître à chaque nouvelle page.
J’avais découvert le travail graphique de Laurent Astier dans le très réussi Comment faire fortune en juin 1940. Je l’avais trouvé très intéressant. Mon sentiment a été confirmé au cours de ma lecture de Face au mur. Les dessins font transpirer l’atmosphère qui se dégage du quotidien de ce personnage pas comme les autres. Cet aspect est d’ailleurs amplifié par le choix monochromatique de chaque chapitre. Le trait est à la fois précis et accessible. Il accompagne parfaitement le propos et participe activement au plaisir offert par l’album.
Pour conclure, Face au mur est un ouvrage intéressant. La lecture en est agréable. Malgré tout, je regrette un petit peu que l’atmosphère ne soit pas un petit peu plus intense et dramatique. Est-ce dû à la chronologie déstructurée ? à une voix off très présente ? Peut-être un peu des deux. Néanmoins, je vous conseille de partir à la découverte de ce personnage pas comme les autres. Le voyage ne vous laissera pas indifférent…
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Bandes dessinées 2017
Créée
le 21 juin 2017
Critique lue 296 fois
D'autres avis sur Face au mur, tome 1
Sur deux tomes, Jean-Claude Pautot, grande figure du banditisme à la ffrançaise, nous conte sans concessions sa vie, entre braquages, cavales et prison. Un témoignage rare et prenant, une...
Par
le 20 oct. 2020
le dessin est abouti mais les confessions d'un braqueur cela a déjà été fait de nombreuses fois...
Par
le 7 août 2017
Face au mur est un ouvrage dont j’ai découvert l’existence en lisant un article sur un blog. Je m’excuse d’ailleurs auprès de l’auteur de ce dernier de ne pas le citer mais je dois bien avouer que je...
Par
le 21 juin 2017
Du même critique
Cette année marquera une date importante de la bande dessinée française. C’est en effet la première fois que les aventures des deux plus célèbres gaulois ne sont nés ni de la plume de René Goscinny...
Par
le 11 nov. 2013
33 j'aime
11
Succession est une série que j’ai découverte à travers la lecture d’un article qui lui était consacré dans la revue Première. La critique qui en était faite était plutôt élogieuse. Les thématiques...
Par
le 13 août 2018
23 j'aime
5
De manière incontestable, « Django unchained » est l’événement cinématographique de ce début d’année. Chaque nouvelle réalisation de Quentin Tarantino ne laisse pas indifférent l’univers du septième...
Par
le 3 avr. 2013
23 j'aime
1