Fantasio se marie, mais s'il donne son titre à l'aventure, lui-même ainsi que sa future moitié sont bien peu présents dans l'album, ce qui est paradoxal. Et c'est finalement sur Spirou et Seccotine que Benoît Féroumont choisit de s'attarder, en reléguant également Spip à de la figuration (il valait mieux, vue la tronche que le dessinateur lui a faite). Le duo mixte fonctionne cependant plutôt bien dans l'ensemble, même si on ne voit pas pourquoi tout à coup Seccotine vient s'installer chez Spirou à la place de Fantasio. On peut être partenaires sans habiter sous le même toit (elle a plus de chez elle ?) Ça fait un peu "truc de scénariste" pour créer des situations artificielles. Mais bon... on a vu pire, notamment chez Yann.
Ce nouveau SPIROU VU PAR... se lit facilement, l'histoire est bien construite et structurée. L'intrigue tient la route jusqu'au bout. On regrettera juste le énième rabâchage sur les vilains nazis. Ensuite on a deux possibilités : on pourra considérer l'omniprésence et la permanente domination des femmes et des filles durant tout le récit comme un choix pleinement assumé pour créer un effet d'inversion humoristique (Seccotine est d'ailleurs clairement le personnage qui intéresse le plus Féroumont, pas Spirou - d'où une légère sensation de hors sujet). Ou alors - et il est certain que quelques uns verront cela comme ça - on pourra ne voir que complaisance de la part de l'auteur à l'égard de la gent féminine (ce qui n'est pas faux à mon avis concernant la partie de foot au début) car effectivement, on réalise au fur et à mesure de la lecture qu'il n'est pas vraiment question d'égalité hommes-femmes, mais plutôt d'inversion. L'homme (quasiment absent de l'album) étant toujours présenté, soit comme un petit garçon vintage ridicule (Spirou) constamment dominé dans un monde de femmes et tenant des propos pitoyablement rétrogrades (cf. la partie de foot, encore), soit comme un individu phagocyté par sa fiancée (Fantasio). Ou bien il est carrément nazi ou collabo dans l'intro en noir et blanc.
Personnellement, je pense qu'il faut considérer la première hypothèse et le côté parodique de la chose.
Pour ce qui est du dessin, il n'y a pas grand chose à dire. Si c'est bien animé et dynamique et que ce n'est certes pas aussi laid que celui de Téhem dans La Grosse Tête, ça reste dans le même esprit. On reconnaîtra juste à Féroumont un peu plus de finesse. Cependant le dessin des personnages laisse souvent à désirer dans certaines cases (si Spirou peut aller en général, Fantasio en revanche n'est vraiment pas terrible. Quant à Seccotine, même si elle est joliment sympathique, on sait que c'est elle uniquement parce qu'on nous l'a présentée comme telle au début), et puis les couleurs (à l'instar de la couv') sont assez moches (tous ces roses ! Oulà. C'est vraiment pas beau).
Encore un album que je n'achèterai donc pas, mais que je n'ai pas eu de réel déplaisir à lire. En revanche, au vu des 15 premières planches, j'achèterai le suivant (La Lumière de Bornéo) les yeux fermés - c'est-à-dire sans le lire avant.
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A noter que Benoît Féroumont fait partie des gens qui ne maîtrisent pas l'anglais autant qu'ils le croient puisqu'il écrit Lose avec deux O.