D'excellentes idées aussi vite enterrées que créées.

C’est toujours avec beaucoup d’excitation que je me lance dans un nouveau tome Marvel Icons de Panini Comics. Je suis fan du format, des gros pavés, bien souvent de la taille d’un Omnibus pour la moitié du prix. Et franchement, le papier utilisé, que beaucoup critiquent, ne me gênent pas une seule seconde. J’aime assez d’ailleurs.
Au programme du jours le run de Mark Millar et Bryan Hitch sur les Fantastic Four. Un run d’un an allant de mi-2008 à mi-2009.
J’aime beaucoup les Quatre Fantastiques, et je dois bien reconnaître que je n’ai que des souvenirs partiels de ce run, la faute à une lecture mensuelle en kiosque, clairement pas l’idéal pour se faire un avis précis sur un run.

Les Quatre Fantastiques forment la première équipe de super-héros de l’univers Marvel. Leur leader, Mister Fantastic, apprend que la Terre est condamnée : elle est en proie à une crise écologique majeure et a devenir inhabitable. Est-il possible de créer une nouvelle planète pour la remplacer ? Découvrez dans cet album l’intégralité de la prestation de Mark Millar et Bryan Hitch sur la série Fantastic Four.
(Contient les épisodes Fantastic Four #554 à 569)

Nous sommes au sortir de Civil War, en pleine période sombre Dark Reign ! Norman Osborn est aux commandes du H.A.M.M.E.R., remplaçant du S.H.I.E.L.D., et offre des perspectives formidables aux super-vilains de l’univers Marvel. Après une petite pause, loin de l’équipe, Reed et Susan sont de retour, et cela est plus que propice, au vue des événements qui se profilent.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à travers ces seize épisodes, un vent de folie va s’abattre sur la première famille super-héroïque. Et les choses commencent avec l’arrivée, pour le plus grand plaisir de Susan, de la jolie Alyssa Moy. Ancien coup de cœur de jeunesse de Reed. Elle a besoin de lui parler rapidement, et urgemment. Le monde, notre Terre ne sera plus habitable d’ici dix ans ! Une organisation privée, aux moyens, semblant illimités, ont réunis les plus grands cerveaux du monde (j’en suis encore à me demander pourquoi Reed n’est au courant qu’une fois le projet en phase terminale…), afin de trouver une solution.

Cette solution se nomme Nu-Monde, une nouvelle planète Terre, entièrement créée, fabriquée par ces scientifiques. Le moindre détail est reproduit à l’identique, que ce soit l’emplacement des immeubles, des plantes, des arbres, tout montre qu’on est sur Terre. Il faut que les habitants de la Terre, lorsque cette dernière ne sera plus habitable à cause de notre empreinte néfaste et catastrophique sur le climat.

Ce projet met des étoiles dans les yeux de Reed Richards ! Mais il va très vite déjanter, surtout lorsqu’il va comprendre quels sont, véritablement, les aboutissants de ce plan. Lorsqu’il va comprendre, pour qui ce Nu-Monde est construit. Reed va alors décider de se concentrer sur des solutions pour empêcher ce drame.

Si les Quatre Fantastiques sont une équipe, une famille, Mark Millar s’attache à les faire « évoluer » chacun de leur côté. Reed a cette réflexion environnementale, Susan a son projet d’aides aux victimes des incidents dus aux surhumains, Johnny se lance dans la musique, et Ben tombe amoureux !

Cette relation, avec la jolie institutrice Debbie, illustre, selon moi, à merveille le principale défaut de ce run, tout va trop vite ! Certes on a seize épisodes, plus d’une année de publication, mais on sait parfaitement que cela ne correspond à un an de vie dans les comics. Bien au contraire. Et pourtant cette amourette, qui ne donne pas du tout l’impression d’être un incroyable coup de foudre, nous conduit tout droit à un mariage, alors qu’on a l’impression de n’avoir assister à rien de cette idylle. Mark Millar enchaîne les idées à un rythme infernal, sans se soucier véritablement de la crédibilité de la chose. Et puis ce mariage, tout ça pour ça ? Sérieusement ?

Bien entendu, les Quatre Fantastiques ce sont aussi des histoires d’une super-équipe, et avec cette menace venue du futur avec cette vieille Susan Storm, il y a de quoi faire. Une intrigue qui illustre à merveille la façon de travailler de Mark Millar. Rien n’est fait au hasard, il crée plein de choses, mais cela n’a le plus souvent qu’un impact à court terme. Toujours est-il que toute cette intrigue nous conduit à un surprenant enterrement.

Nous avons, bien entendu, le droit à un affrontement avec le Docteur Fatalis ! Ce dernier, qui rentre tranquillement chez lui, reprendre son trône grâce à Norman Osborn. Mais ce dernier va se retrouver face à son maître, un être si maléfique et si puissant qu’il en fait trembler Victor ! Il y a de quoi ne pas être rassuré ! Ce combat contre le Marquis de la Mort va mettre nos héros face à des dilemmes moraux assez compliqués !

Graphiquement, le travail de Bryan Hitch sur ces épisodes est juste incroyable ! Ses personnages sont magnifiques, tellement crédibles et semblant si réels ! Tellement de détails, de richesse dans ses dessins. C’est un plaisir pour les yeux à chaque page, chaque case. C’est tellement mieux quand il se contente des dessins.

Bref, un run d’une très grande richesse ! Il se passe énormément de choses, cela ne s’arrête pas une seconde en fait. Et pourtant, si la lecture est plaisante, je ne peux m’empêcher de me dire que Mark Millar fait en sorte de cloisonner ses idées. Il lance des choses, des intrigues, des éléments pour les enterrer lui-même, ne laissant que peu de choses aux scénaristes suivants. De bonnes histoires, de bonnes intrigues, mais un run qui me laisse sur ma réserve.