L’histoire est écrite par les vainqueurs. Ils choisissent les héros, les statues, ils choisissent les méchants. Mais le cas de la conquête de l’ouest américain, et la façon dont le cinéma hollywoodien s’en est emparé est particulier. Des premiers Westerns, outils de propagandes classiques pour magnifier les pionniers américains, et diaboliser les indigènes, on est passé par différentes phases, avec petit à petit, dans les années 50 des films apportant certaines nuances aux légendes, jusqu’aux Westerns crépusculaires des années 70 remettant complétement en question certains mythes.
Et puis le genre n’a cessé de passer et de revenir à la mode, de se renouveler et de réécrire l’histoire, avec des points de vue à 180° selon les modes, les réalisateurs et les publics visés. Westerns Spaghettis, Westerns allemands, Westerns écologiques, Westerns Réalistes, Westerns Spectaculaires, Westerns de papier… et j’en passe, je schématise, je résume, bien sûr, c’est plus compliqué que ça, ça mériterait d’être développé plus, mais, au final c’est toute une mythologie riche, fascinante et contradictoire qui s’est créée au fil des ans.
Avec Fausses Pistes, Bruno Duhamel a décidé de s’attaquer à ces mythes. A travers une galerie de touristes visitant le grand Canyon, une galerie de personnages, volontairement un peu caricaturaux représentant chacun une vision, une facette du mythe, Bruno Duhamel va s’amuser, un peu à la façon d’Alan Moore avec les théories sur Jack l’éventreur dans le second appendice de From Hell, à toutes les déconstruire, pour en arriver, comme le barde de Northampton, à conclure que la vérité de l’instant appartient au passé et qu’on ne pourra jamais réellement la saisir, mais que l’important n'est pas là. Comme le conclu son personnage principal « L’important, c’est d’y croire »
Graphiquement, avec toujours son style Franco Belge ultra détaillé, on sent que Duhamel prend son pied à osciller entre Morris et Giraud pour rendre au final un bel hommage à toutes les fausses pistes qui sillonnent le Far West.