Je l'ai lu trois fois, et je ne suis toujours pas certain d'avoir tout saisi. Il y a une différence entre être perdu parce que nous ne connaissons pas toutes les story-lines des personnages apparaissant, ou perdu parce que le récit est tellement grandiloquent que notre cerveau ne parvient peut-être pas à franchir les frontières que l'auteur Grant Morrisson, parvient à atteindre.
Enfin, après trois lectures, le récit semble enfin prendre son sens. Une nouvelle crise, qui paraît plus "terre à terre" qu'il n'y parait. Après l'Anti-Monitor, après Sinestro, après le Lex Luthor d'une terre parallèle, c'est au tour de l'un des ennemis les plus puissants de l'univers DC de menacer la Terre, l'Univers, et tous les Univers. L'introduction du récit est efficace, les pions se mettent en place, et dès le premier chapitre, nous pressentons le danger. Une exécution d'un super-héros connu de tous, la manière pour un nouvel ennemi de faire ses preuves. Dès le début, c'est le frisson. Le méchant est un vrai méchant, de ceux à prendre au sérieux, qui peut tuer un héros de longue date comme ça. Qui seront les autres victimes ?
Les chapitres qui suivent voient le monde s'écrouler pas après pas. Le plan de Darkseid est bien fichu, et très bien trouvé. Comment atteindre en une seule salve l'humanité entière ? Utiliser la technologie et les réseaux sociaux (enfin, à l'époque, on utilisait d'avantage le terme Internet). Remplacer la logique humaine par une logique toute autre, permettant d'asservir l'humanité. Plutôt bien trouvé. Il suffit de voir des super-héros, une fois converti, se retourner contre leurs alliés. C'est toujours efficace. Bref, ça fonctionne, nous avons une crise de malade, comment la résoudre ? C'est là que ça devient compliqué, là où commencent les éléments assez difficiles à expliquer.
Tout d'abord, le retour de Barry Allen, le Flash décédé il y a de ça une vingtaine d'années. J'ai beau lire, et relire, je ne sais pas. Ca sort un peu de nul part. Certes, des récits annoncent par quelques indices ce retour à venir. Et les récits qui ont suivi tel que Flash : Rebirth illustrent parfaitement le retour de ce super-héros apprécié de tous. Mais c'est simplement l'explication de son soudain retour, je ne parviens pas à saisir le sens. Mais bon, comme qui dirait : "Flash fact", logique de la Speed Force, du voyage temporel, ecetera, parfois il suffit de se dire : "Allez pourquoi pas".
La partie Superman commence de manière intéressante. Au chevet d'une Loïs grièvement blessé (à nouveau, le méchant est parvenu, en deux chapitres, à mettre au tapis deux personnages majeurs de l'univers DC). Un marché lui est proposé, afin de sauver sa dulcinée. Le super-héros accepte, et là ... ça y est : nous sommes en plein dedans : le Multivers. Le Multivers, c'est toujours piège. Nous avons d'un coup plusieurs Superman, associé à Captain Marvel qui luttent contre une menace supra-universelle qui a fini par m'échapper. Il y a des vampires, des fusions corporelles, des sacrifices ... bref ça va loin, très loin, très très loin. Mais cela permet de mettre Superman de coté le temps que les ennemis jouent leur coup sur Terre.
D'ailleurs, il est intéressant de voir comment les ennemis sont conscients qu'il est nécessaire de neutraliser les plus grands en premier. Superman est occupé, Batman et Wonderwoman ne tardent pas à suivre. Quand aux Green Lantern, ces derniers sont touchés par une crise interne qui permet de les occuper suffisamment longtemps afin que les pions se mettent en place. Ca fonctionne vraiment bien. Le récit se poursuit.
Bon, il m'a été difficile d'assimiler que les méchants n'étaient pas réellement présents, mais utilisaient des "coquilles". J'ignore pourquoi, j'ai toujours cru que durant cette crise, Darkseid et ses mignons seraient présents en personne, et non à travers des "avatars". Ce concept m'échappe encore, et il semblerait que ces derniers soient trop affaiblis pour être présent en personne. Est-ce qu'au final, la bataille finale de "Countdown to Final Crisis" a eu une conséquence sur cet état de fait ? Dans tous les cas, même si la procédure est obscure (acceptons que la technologie des New Gods échappent à la compréhension du humble lecteur que je suis), une fois assimilée, nous pouvons nous dire à nouveau : "Pourquoi pas ?". De plus, voir des êtres vivants lutter pour garder le contrôle de leur être avant d'être remplacé par une nouvelle personnalité est assez effrayant de nouveau. Grant Morrisson sait comment mettre mal à l'aise.
Bref, au final, même si cela reste assez obscur, une fois les faits acquis, nous nous retrouvons en pleine crise démentielle où héros et vilain n'ont plus de sens d'être appelés ainsi. Venons-en à la résolution qui se joue en plusieurs étapes. La première, si nous avons accès au chapitre autour de Batman, fonctionne. C'est simple, clair, et symboliquement efficace. La seconde, mettant en scêne les Flashs, reste compliqué à comprendre, tout comme je l'expliquais auparavant. Je pense que le plus important est de comprendre ce qu'est le "Black Racer". Enfin, la partie où Superman revient ... et là ... Multivers quoi. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais en gros, le chapitre final est un bordel pas possible avec une machine venue du futur, et paf, tout est résolu. Bref, une conclusion qui est aussi chaotique que sa crise, mais justement trop chaotique pour être convenable. Certes, la situation est compliquée, mais fallait-il faire aussi compliqué pour résoudre le tout ?
C'est toujours frustrant, de ne pas comprendre ce que nous lisons, ou quand nous avons l'impression que les éléments mis en scène ne paraissent pas assez expliqués, ou semblent tirés par les cheveux pour que nous les appréhendions. Tout ce qu'il nous reste à la fin, c'est une crise passée, et ses conséquences dans l'univers DC. Un récit qui est donc important à lire, bien plus intéressant que "Countdown ..." mais qui nécessite d'être à tête reposée, et reste malgré tout indigeste sur certains passages.