Etonnamment surpris par la richesse atypique de Chainsaw Man, je suis remonté dans la bibliographie de Tatsuki Fujimoto pour lire Fire Punch. Et c'est peu dire que l'on y retrouve déjà son amour du détournement des codes du genre, d'une manière des plus tragiques qui soit. Déjà, le concept d'un héros dévoré par des flammes éternelles car son puissant don de régénération l'empêche d'y succomber pose d'emblée le thème de la souffrance. Surtout que dans un monde condamné par une ère glaciaire, sa réponse christique à la faim de ses proches est de les nourrir avec les morceaux sains de son corps, sans cesse régénérés !
Soyez assuré que dans Fire Punch, la moindre lueur d'espoir finira toujours par consumer ceux qui s'y raccrochent. Fujimoto réduit en cendres les valeurs humanistes, pervertit tous les efforts d'amélioration pour en faire un vecteur de malheur de plus et, au-delà de la violence graphique débridée des bastons, fait surtout vivre des tourments psychologiques infinis à ses personnages, son héros en tête qui est sans cesse malmené entre les exigences des fidèles qu'il n'a jamais choisi d'avoir, ses ennemis, ses propres traumatismes, l'inconsistance pathétique de sa quête de vengeance et le chaos du monde. La puissance du cynisme absolu du récit est renforcé par l'esthétique innocente, quasi-naïve, du mangaka qui ne semble jamais chercher à forcer le trait, c'est étonnant.
La conclusion métaphysico-cosmologique finit de confirmer que Fire Punch est vraiment un manga à retenir.