Les deux premiers volumes de la série de Tatsuki Fujimoto ont fait forte impression ; qu'en est-il de celui-ci ?


Monter sur le ring


Alors que Togata avait fait une entrée tonitruante dans le volume précédent, ici les choses vont se rééquilibrer. Certes Agni s'en remet à elle pour sa vengeance. Il pense qu’il va aller combattre Doma à Behemdolg. Pour l’occasion son aînée lui a préparé une tenue sur mesure, pour qu’il ne soit plus nu. Un nouveau costume pour le superhéros. Et Tatsuki Fujimoto fait alors d’Agni un boxeur qui s’apprête à monter sur le ring. Un long tunnel à parcourir, une capuche sur la tête. Il ne manquerait plus que la musique de Rocky…


Mais l’auteur va casser le bel agencement de Togata et son côté maîtresse du jeu pour faire revenir Agni au premier plan. Certes il devra encore combattre et utiliser son pouvoir de régénération. Il devra tuer, peut-être même des innocents. Mais ce ne sera pas tout. Par ses actes du côté de Behemdolg et tous ceux qui ont précédé, il va entrer dans une nouvelle dimension.


Qui dit vrai ?


La frustration ressentie en fin de volume est alors plus importante que celle éprouvée à la fin du précédent ! Pourquoi ?


La raison ne tient pas seulement à la progression de l’intrigue, au suspens/cliffhanger du dernier chapitre, aux personnages, à l’univers… Ce sont des éléments que partagent toutes les séries que l’on suit. On veut savoir ce qui va arriver, on s’amuse à deviner telle ou telle voie qui sera confirmée ou infirmée. Avec la série de Tatsuki Fujimoto il y a quelque chose en plus.


D’abord il y a tout ce qui touche au domaine de la vérité. Behemdolg est une organisation bâtie sur un mensonge, Togata ment à Agni… Le nouvel âge glaciaire est aussi celui des eaux glacées du calcul égoïste. Pour reprendre une phrase chère au Docteur House : « tout le monde ment ». Mais pas pour les mêmes raisons : il y a les mensonges qui font tenir une organisation, les mensonges pour faire sourire un être cher, pour mener à bien un film ; les mensonges que l'on racontent aux autres ou à soi-même pour se maintenir en vie...


Exploitez-vous les uns les autres !


Comme dans Le Bon, la Brute et le Truand, le monde de Fire Punch se divise en deux catégories : ceux qui méritent de vivre et les autres, le « combustible » nécessaire à la vie des premiers. Autant dire que la série met à nu l’exploitation ouverte, directe et brutale d'une majorité par une minorité. Une bonne logique capitaliste en somme, avec un nouveau prolétariat exploité par des « capitalistes 2.0 ». Et cette logique est secouée par Agni. La lutte peut alors s'engager.


Ce qui nous amène au troisième élément : les affrontements. Les combats entre élus n'ont rien de combats propres, parfaitement réglés. On est bien plutôt du côté des affrontements entre immortels de l'Habitant de l'Infini : Agni est déchiqueté, démembré mais il se relève toujours. Ses adversaires finissent embrasés, comme des victimes de bûchers d'un nouveau genre. Et la durée de vie de personnages à peine entrevus mais qui semblaient prometteurs vu leurs capacités est parfois si courte que l'on se croirait dans Biomega !


Côté graphisme, on se situe dans le droit fil des chapitres précédents. On repère quelques irrégularités, un jeu sur les proportions, des cuts, bref, l'auteur continue de s'amuser et de torturer ses personnages en les faisant passer par divers états émotionnels. Il en va de même pour le lecteur ! Sylvain Chollet officie toujours du côté de la traduction pour un résultat toujours optimal (une simple interrogation : p. 180, Togata fait un jeu de mots en disant qu'elle se nomme « Tagada » ?).


Et maintenant ?


La solitude d'Agni est-elle en passe d'être révolue pour de bon ? Mystère. Ses hallucinations vont-elles disparaître ? Mystère. L'univers de Fire Punch apparaît si instable et dangereux qu'à part Agni voire Judah, le futur de tous les autres personnages tout comme la vérité des propos que l'on lit semble des plus incertains. Comme Agni nous voilà donc rongés par des flammes : celles de l'attente du tome 4 !


Un avis un peu plus long et illustré (!) se trouve ici.

Anvil
8
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le 25 oct. 2017

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Anvil

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