"Leurs sommets vous attirent vers le vide."
Les dessins sont magnifiques. Vraiment. Tellement que j'aimerais bien les voir vendus en affiches ou en laminés. Cependant, malgré des planches très belles (et aux styles par moment variables, mais c'est un aspect qui peut rebuter, je suppose) et qui mettent en place un univers original (bon point et autres pouces caressant le ciel), Foligatto a un problème majeur : il verse dans l'absurde, mais dans l'absurde poseur et (parfois) bas de gamme, et celui-ci passe beaucoup par le texte, qui est loin d'être toujours heureux. Par exemple : "Si j'ai été choisi pour faire régner la sécurité dans la ville d'Eccenihilo [rien qu'au nom de la ville, on sent l'absence de naturel de la chose], c'est parce que j'ai de grands et gros bras. Je jouis d'une corpulence-gilet-pare-balles & injures..." On alterne entre sourires et gencives qui font mine de grincer, ce qui noie les bonnes trouvailles. Sinon, l'histoire, celle de Foligatto, un castrat chantant de l'opéra qui a été nommé roi du carnaval de sa ville natale, bien qu'elle révolutionne rien, est pas dénuée d'intérêt, mais certains bouts sont expédiés (la plupart des péripéties se déroulent dans les 25 dernières planches et l'album en compte 60 ; problème de rythme, donc) et d'autres sont pas toujours clairs. Elle aurait mérité d'être fouillée davantage, à mon avis, et les personnages aussi. Y'a les quatre premières planches qui constituent une sorte de prologue aussi. Elles servent pas à grand-chose: elles nous apprennent seulement que Foligatto est le centre de l'histoire (tiens donc) et que le ton de la BD est absurdo-glauque (tiens donc, bis)...