Quand on voit Charlier et Giraud (alias Moebius) sur la couverture de la BD, on comprend donc qu'on a affaire au fleuron de la bande dessinée française. Les deux bonhommes sont encore jeunes même si Charlier a déjà un peu plus d'expérience que le dessinateur qui ne tardera néanmoins pas à se faire un nom.
Avec Blueberry, et peut-être ne l'avaient-ils que secrètement espéré, ils vont créer un incontournable de la BD. Au même titre que des Jerry Spring ou Lucky Luke, Blueberry s'impose vite comme un héros marquant, personnage au grand coeur préférant de loin la morale à la loi. Car si Lucky Luke, par exemple, n'a pour gros défaut que de fumer, Blueberry lui n'hésite pas à tricher au poker, à cogner ou à tenir tête à ses supérieurs. Le personnage ne manque pas non plus d'une certaine insolence et il le dira lui-même qu'il devrait tourner plutôt sa langue en bouche au lieu de l'ouvrir.
Bref, dès ce premier album qu'est Fort Navajo, le héros propose un relief vraiment intéressant. Plongeant le lecteur en pleine période de la colonisation de l'Ouest et des guerres indiennes, peu de temps après la guerre de Sécession, on se retrouve donc à assister à la mise à feu et à sang de l'Ouest par le conflit. La cause ? Surtout la haine de Bascom. Pour moi, c'est le seul défaut du scénario de Charlier, je trouve que le personnage est un peu trop manichéen et manipulateur.
Moebius signe quant à lui des dessins vraiment bons même si la palette couleur n'est pas toujours au top. Les dernières pages de l'album présentent des personnages où tout le monde finit par ressembler à des Indiens.
Mais je ne boude clairement pas mon plaisir avec ce premier tome de Blueberry. C'est d'ailleurs le seul que j'ai jamais eu et il va bien falloir que je me plonge dans ces aventures aux allures fordiennes.