Jeune et talentueux auteur, Alex. W. Inker après nous avoir montré l’Amérique profonde en bleu et rouge dans Un travail comme un autre nous amène cette fois-ci à Fourmies sous les couleurs révolutionnaires noires et rouges. Fourmies c’est une petite ville ouvrière du Nord de la France. Une petite ville qui compte en 1891 plus de 16000 habitants grâce à son important développement de l’industrie textile. C’est là où a grandit l’auteur, c’est là aussi où le 1er mai 1891, les soldats de la République tirent sur des ouvriers en grève, 9 personnes meurent. Considéré comme l’un des événements fondateurs du mouvement ouvrier, Alex. W. Inker nous propulse 130 ans en arrière. Les partis ouvriers décrètent une grande journée de manifestation de fête, quatre manifestants vont être arrêtés et c’est le début d’un engrenage sanglant. L’histoire montre crescendo, de plus en plus pesante, rythmées par des moments simples du quotidien et des moments beaucoup plus sous tension. On ressent autant l’élan révolutionnaire qui anime les ouvriers, l’insouciance, la foi patriotique que la confiance envers l’armée. L’ouvrage entrecroise les trajectoires de plusieurs personnages dont celui de Maria Blondeau qui a donné son nom à la place de Fourmies d’aujourd’hui. L’auteur utilise un graphisme toujours aussi surprenant, jamais ressemblant à ces autres ouvrages. L’univers est particulier, les dialogues sont réduits à l’essentiel, le trait est minimaliste, les couleurs magnifiquement bien utilisées. Alex W. Inker nous livre un hommage ingénieux et original.
Perrine