Une jaquette qui propose une variation du Cri de Munch avec un poisson décapité (coucou Gyo) ? Vous êtes bien en train de regarder Fragments d’horreur, nouveau recueil d’histoires courtes de Junji Ito disponible en France.
Huit récits sont au programme et, autant être direct, la mayonnaise prend difficilement. Comme si le propos que l’auteur tient à propos de la première histoire courte pouvait être généralisée aux autres. Le rendu graphique est toujours aussi net, mais l’horreur n’y est pas. L’horreur c’est ce qui provoque une impression d'effroi, de répulsion (Larousse), comme quand vous voyez l’appartement de Dahmer. Il n’y a rien de tel dans ce recueil. On est intrigué, touché parfois mais pas horrifié car les récits échouent à créer une atmosphère qui suscite l’inconfort. Comme si l’auteur avait perdu le « truc ».
De manière assez frappante, sur les 8 récits, seul le dernier (datant de 2009, les autres ayant été réalisés entre 2013 et 2014) parvient à créer une atmosphère où une dose d’effroi apparaît. Proposer des récits d’horreur n’est pas une mince affaire et je suis tenté d’y voir le signe qu’un mangaka n’est pas une machine inépuisable. La panne existe même pour eux. Cela ne condamne pas les œuvres postérieures bien sûr mais 2013-2014 ne sera pas la meilleure période de Junji Ito.
À 19,95 euros pour 240 pages on grimace quelque peu. Surtout, je comprends mal l’usage des superlatifs par l’éditeur qui évoque « une préface d’exception » et présente Junji Ito comme le « maître incontesté de l’horreur mondiale », il est « l’horreur totale ». Ces propos flatteurs fournissent sans doute des expressions toutes trouvées aux personnes qui en manquent mais elles ne disent finalement rien de substantiel, elles sont vides.
Au contraire, j’ai apprécié les anecdotes et propos de l’auteur présents dans la postface qui continue d’être une valeur sûre dans les ouvrages d’Ito que j’ai pu lire. Cela n’occulte pas le fait que le titre ne correspond pas au contenu.
La note : Pour l’horreur, revenez plus tard /20