Psychanalyse de Maier : Pognon !
Le moins que l'on puisse dire avec cette bande-dessinée, c'est que l'on est surpris. Scénarisé par Corinne Maier et dessinée par Anne Simon, il faut savoir que Mme Maier est elle-même psychanalyste et auteure d'une quinzaine d'ouvrage à en croire la première page. On s'attend donc à lire quelque chose d'assez précis mais où le style graphique sera austère, froid et servant uniquement à la description.
Et bien, c'est globalement l'inverse, Corinne Maier se limite à faire une biographie du personnage tout ce qu'il y a de plus conventionnel (voir bas de gamme) tandis que Anne Sinmon s'amuse intelligemment avec le style de la BD. Elle utilise le format même de la BD pour passer ses idées, c'est très sympa, très intéressant et on a l'habitude de retrouver cela d'avantage dans des œuvres d'auteurs où il y a une énorme réflexion que dans une biographie.
Je disais donc que Corinne Maier faisait une biographie très conventionnelle. En effet, elle reprend les grands évènements de la vie de Freud, en simplifie certain et dresse un portrait très simplifié des différents personnages. Si elle met en avant les doutes constants de Sigmund, ses hésitations et sa croyance dans une incapacité totale de la psychanalyse à réussir son but, elle oublie un point important, qui consiste à expliquer les théories freudiennes. Les mots sont lancés, mais aucune explication n'est donnée, tout n'est que superficiel pour notre plus grand malheur. Quel est l'intérêt qu'une psychanalyste écrive une biographie si c'est pour ne pas profiter de sa maitrise pour offrir un regard pédagogique et évitant de tomber dans les stéréotypes qu'on a de Freud.
Sans grossir le trait, à aucune Maier n'apporte de nuances permettant de voir que non, Freud n'est pas un fou. Certes, la BD ne le présente pas comme un dérangé, mais par contre ne justifie globalement jamais ses théories, ce qui fait que soit on les prend comme ça, sans réfléchir, sans pouvoir les comprendre, soit on se dit que Sigmund ne fumait pas que le cigare.
C'est donc un gros regret pour moi d'avoir une BD aussi peu pédagogique, aussi peu technique. Une biographie bien maigre dont l'utilité m'échappe.
Car oui, je me demande à qui cette BD peut convenir. Pour s'initier, il y a milles fois mieux, car là, rien n'est expliqué, et dès qu'on connait un minimum la vie de Freud, on apprend rien.
Reste une jolie découverte pour Annie Simon, qui a une bonne maîtrise de la mise en page, même si le dessin, à proprement parlé, n'est pas non plus transcendant. Sa gestion des planches est cependant maligne et est, au moins, un intérêt à retirer de cette lecture.