S'étalant sur trois volumes, Ed Brubaker nous conte l'histoire de Friday Fitzhugh qui retourne dans sa petite ville natale de King’s Hill, en Nouvelle-Angleterre, où elle redoute des retrouvailles potentiellement gênantes avec son meilleur ami d’enfance, un garçon malingre et excentrique mais très intelligent, répondant au doux nom de Lancelot Jones.

Tout au long de leur enfance, le duo s’est attaqué aux mystères de leur petite ville ; mystères qui ne sont pas sans nous évoquer d'autres illustres séries telles Scooby-Do, Le Club des Cinq, Twin Peaks...

Leurs hormones (adolescentes) en ébullition ne tardent pas à compliquer leur relation autrefois platonique. Nos deux amis ont un(e) (tentative de) rapport sexuel complètement raté et particulièrement gênant la veille du départ de Friday pour l’université et le duo se quitte là jusqu'au retour de Friday au début de notre récit.

Lorsque Friday revient, elle s’attend à avoir une conversation sérieuse avec Lance sur le sujet pour dissiper l'atmosphère étrange et la gêne qui s'est installée entre eux depuis leur tentative d'acrobaties ratée.

Au lieu de cela, immédiatement dès sa descente du train, Lancelot l’emmène enquêter sur un nouveau mystère.

Au cours des deux premiers volumes, l’histoire avance à un rythme soutenu, avec une chute/un cliffhanger brutal à la fin de chacun des deux premiers volumes.

Si Ed Brubaker fait de l'enquête initiale le moteur de son récit, ce qui le rend véritablement singulier et la façon dont il "habille" celui-ci d'un mélange d’horreur lovecraftienne, de science-fiction et d’une histoire d’amour adulescente.


Marcos Martin aux dessins et Vincente Muntsa aux couleurs font des merveilles et l'ensemble graphique est délicieusement (madeleine de) proustien .

La ville de King’s Hill est un écrin parfait pour le récit de Brubaker et en sus cette dernière est somptueusement dessinée, que ce soit son architecture gothique, ses bois inquiétants, et ses habitants excentriques.

Visuellement, il s'agit d'un mélange réussi entre une atmosphère de conte de fées et de l'horreur à la Lovecraft.

Le fait que l'action se passe pendant la période des fêtes de Noël ajoute vraiment un côté "douillet" au récit.

On a vraiment la sensation d'enfiler de vieux chaussons confortables un mug de chocolat chaud à la main, en écoutant le crépitement du feu dans l'âtre.


Ce sentiment confortable dénote par rapport à la tonalité triste et horrifique, quasi lovecraftienne du récit mais c'est un mélange qui fonctionne surprenamment bien.

Si vous êtes arrivé jusqu'ici, vous vous demandez donc pourquoi malgré toutes mes louanges, la note attribuée n'est qu'un "timide" sept.

Hé bien, c'est simple : je ne suis vraiment pas fan de la conclusion.


Probablement que j'en attendais trop après deux premiers tomes passionnants, la conclusion m'a paru très convenue et retomber comme un soufflet.



Attention, la fin n'est pas foncièrement mauvaise mais juste décevante au regard de l'excellence des deux premiers tomes.

A partir de là je suis obligé de passer sous "spoilers" :

Le personnage de Lancelot et son évolution dans le troisième tome est selon moi complètement raté.

On passe d'un petit génie excentrique obsédé par la résolution d'énigme et la quête de vérité à une coquille vide une fois révélée son identité de Faé : un légume complètement à l'opposé de sa personnalité initialement espiègle et impétueuse.

En outre, le contexte autour du "double" de Lancelot (brillante idée au demeurant) est nébuleux et la façon dont celui-ci est supposé avoir créé dans le futur une montre pour remonter dans le temps arrive comme un cheveu sur la soupe.

Bref, le ressort narratif m'a paru éculé et pas loin d'un bon vieux deus ex machina des familles...


Malgré ce gros point noir final, je ne peux que vous recommander chaudement ce comics qui s'est révélé être une lecture particulièrement agréable : singulièrement différente des récits habituels de Brubaker (et ça fait du bien mine de rien) et qui m'a permis et vous permettra de découvrir je l'espère un dessinateur fabuleux, en la personne de Marcos Martin.

PS : Ah oui...aussi au rayon des points (très) positifs que j'ai "oublié" de souligner...





FRIDAY...







Comment vous dire?


Elle est adorable en fait ; son caractère, son style, son intelligence, son côté garçon manqué, son indépendance, son côté hors normes...





PAR-FAITE!

Machab
7
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le 6 oct. 2024

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