Frontier, sur le papier, avait de quoi m'intéresser. Entre son synopsis qui semblait mélanger espionnage, principe d'agents dormants intégrés, terrorisme, combats et techniques d'assassinat, ou encore une couverture qui laissait envisager un seinen sombre, on pouvait espérer un manga de qualité.
Mais malheureusement tout ça n'est que sur papier. Dans les faits, c'est plus la déception qui l'emporte.
Je m'attendais à une histoire d'espionnage, d'agents infiltrés au Japon pour ensuite agir et tout faire sauter. J'espérais un thriller presque politique.
Malheureusement, on en est loin pour le moment. Cette notion d'espionnage, d'agents dormants, n'est pas du tout exploitée. Meguro ne fait rien dans cette optique. On sait que l'histoire se passe au Japon, que l'ennemi vient du Nord, mais c'est tout. Qu'est-ce que ce pays du Nord? Quel différent l'oppose au Japon? Sont-ils réellement en guerre?
C'est assez paradoxal de partir sur un synopsis parlant d'agents infiltrés pour ne pas aborder la question de la géopolitique et de la situation diplomatique.
Concernant l'art du Kuro, technique d'assassinat, là aussi c'est assez décevant. Car quand on parle de technique d'assassinat on s'imagine de la discrétion, de la rapidité et de l'efficacité mortelle. Sur ce point là aussi c'est la déception. La technique est bien bourrine, et ne fais pas dans la finesse. On a l'impression d'être devant un mix de Free Fight et de Hokuto no Ken.
De plus, son origine, son apprentissage et ses principes ne sont pas expliqués. On ne sait absolument rien sur l'art du Kuro.
Le scénario ne brille pas non plus pour sa complexité. Il est assez basique, puisqu'il s'agit essentiellement d'une succession de combats et d'une mission banale. Néanmoins, il a le mérite d'introduire quelques pistes de développement pour la suite avec la fille de Hana et le jeune surdoué.
Bref, il manque une intensité scénaristique, un enjeu et un background.
Les personnages manquent aussi de charisme et de profondeur. Meguro n'est pas très développé. Il ne parle pas beaucoup, et ne se montre pas très loquace concernant ses sentiments. Du coup, le lecteur n'a pas trop d'empathie pour lui. Comme on ne sait pas grand chose de son passé, de ses liens et relations avec les autres personnages, il est difficile de s'identifier ou de s'attacher à lui.
J'ai aussi eu beaucoup de mal avec le graphisme. Le trait de Yoji Ishiwata est un mélange entre Free Fight et Baki. Certains personnages sont très laids, disproportionnés et avec des caractéristiques faciales étranges comme pour Fukuro. En plus, le tout est assez inégal. Si on prend l'exemple de Meguro, il y a des planches où il est très bien représenté avec un vrai travail, et un petit coté réaliste et d'autres où il est totalement « inhumain » (dans le sens où ses traits ne font pas humains).
Sinon, les cases sont quand même bien fournies, elles ne font pas vides. Le mangaka utilise beaucoup le tramagequi est bien intégré et varié.
Mais comme je le disais c'est vraiment inégal. Autant il y a des planches que je trouve très moches (enfin surtout le faciès de certains personnages) et d'autres qui sont vraiment pas mal du tout.
Malheureusement, cela ne suffit pas. A la fin de la lecture, je suis plus resté sur une impression négative.
Pour conclure, ce Frontier est une vraie déception. Tout ce que j'espérais et m'attendais à trouver n'y est pas. On ne sait rien de ce mystérieux pays du Nord, des raisons du conflit avec le Japon, de ses desseins. De même, alors qu'on parle d'agents dormants, il n'y a aucune notion de géopolitique.
Frontier est, pour l'instant, juste une série d'affrontements avec des techniques meurtrières, qui ne sont pas sans rappeler d'autres mangas, avec en fond un scénario bien mince.
Même si on se doute que le background va s'épaissir ensuite (enfin je l'espère), on regrettera qu'il n'y en pas plus dans ce volume.
Et comme graphiquement, c'est très particulier, inégal et parfois laid, difficile de ressortir satisfait de la lecture de ce titre.
Pour moi, il ne restera attrayant que sur le papier.