Fûka, tome 1
6.3
Fûka, tome 1

Manga de Kōji Seo (2014)

En un peu moins de 190 pages le premier volume de Fûka, sous couvert de nous parler de jeunes gens et de musique, traite de problématiques donnant à voir, en creux, un aperçu de la vie des jeunes, des différentes positions qu'ils peuvent occuper.


My kingdom for a smartphone?


C'est l'objet du volume. Tout le monde en a et se trouve ainsi connecté aux autres. Yû Haruna, fraîchement débarqué à Tokyo est un adepte de Twitter : avec près de 500 abonnés, Yû a des contacts, il est actif, raconte sa vie. Mais a-t-il des amis ? Pas vraiment. Mais c'est par Twitter que Yû va renouer contact avec une amie d'enfance qui commence à percer dans le monde de la musique. Et c'est aussi à cause d'un tweet que Yû va faire la rencontre de Fûka : ils se percutent dans la rue, alors que le jeune homme sur son téléphone en train de rédiger un message.


Fûka, par contraste, n'a pas de téléphone portable mais un lecteur CD pour écouter la musique qu'elle apprécie. Autant de moments d'évasion qu'elle aime savourer, parfois, sur le toit du lycée... un lycée où se trouve aussi scolarisé Yû qui sera aussi dans la même classe que Fûka.


Accélération


Les contacts vont se multiplier entre les deux personnages principaux. L'énergique Fûka contraste avec Yû, plus renfermé, plus maladroit aussi dans son analyse des interactions, dans ses propos. Il manque de pratique mais on devine que le personnage devrait aller en s'ouvrant davantage aux autres, sous l'effet de sa rencontre avec Fûka. Et cette dernière bénéficie aussi de ses échanges avec Yû, qui lui permet d'ouvrir la cage où elle se trouvait.


On pourra aussi remarquer le contraste qui s'établit entre les moments où ils sont ensemble, où le temps semble ralentir et les autres vécus par Yû. Je pense notamment à ces scènes de classe où il importe d'être hyper réactif - comme sur les réseaux sociaux - lorsque des camarades lui demandent de lui envoyer son adresse mail. Ayant oublié son téléphone, Yû se sent mis à l'écart. La vie de lycéen n'est pas facile, surtout quand on débarque dans un tout nouvel environnement. Notre héros arrive en effet à Tokyo où il vit avec ses trois sœurs. Les échanges au sein de la cellule familiale sont plutôt rares et les trois sœurs ne semblent pas occuper une grande place dans l'univers du garçon.


Mise en musique


Le duo principal de Fûka porte la série de belle manière. Certes, on peut noter que l'intrigue bénéficie de quelques coups de pouces au départ et laisse poindre à l'horizon un éventuel triangle amoureux. Pour autant ces éléments - tout comme la présence de certaines scènes mettant en évidence les sous-vêtements féminins - ne coulent pas le volume. Ce dernier pose à mon sens deux grandes idées : la vie ne s'arrête pas aux réseaux sociaux ; la musique peut ouvrir bien des horizons - ce dernier point étant à développer.


Côté dessin Kouji Seo nous propose un graphisme qui permet de bien retranscrire les émotions des personnages. Quelques profils ne sont pas aussi bien réussis que d'autres mais l'essentiel reste de bonne facture et se lit sans problème. J'ai aussi apprécié que les bulles connaissent des variations dans leur contour lorsque certaines pensées de Yû sont exprimées.


Au plan matériel, la jaquette propose une jolie association de couleurs entre le titre, les cheveux de Fûka et ses écouteurs. Á l'intérieur du volume, les pages sont parfois un peu transparentes ; Julien Favereau propose une traduction qui colle bien avec la personnalité (que l'on imagine) des personnages.




Le premier volume de Fûka offre une introduction convaincante qui, en parallèle de l'intrigue principale organisée autour des sentiments des personnages et de la musique, permet d'aborder plusieurs questionnements liées à notre existence (la place des réseaux sociaux, le culte de l'instant, le déracinement que l'on subit lorsque l'on déménage...). De quoi rendre curieux le lecteur et désireux de savoir ce que la suite proposera.

Anvil
7
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le 16 mars 2017

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Anvil

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