Un parc d'attraction pour gangsters
Envie de lire un bon polar à l’ancienne, bien construit et savamment mis en scène? Si c’est le cas, alors "Parker" est fait pour vous. Parker, c’est la crème de la crème du roman noir. Le créateur de ce gangster méthodique, efficace et dénué d’états d’âmes n’est autre que Donald Westlake, l’une des figures de proue du polar américain. Sous le pseudonyme de Richard Stark, il a publié une vingtaine de romans mettant en scène Parker, du début des années 60 jusqu’à sa mort en 2008. Son personnage constitue en quelque sorte la quintessence du héros de polar. Dur, froid et brutal, il n’a pas de prénom et ne semble pas éprouver le moindre sentiment. Parker se contente, comme tout bon héros de polar qui se respecte, d’être un brin désabusé et de sauver sa peau dans un univers dominé par la pègre et la police corrompue. Après avoir déjà inspiré bon nombre de cinéastes (Parker a notamment été interprété au cinéma par des acteurs tels que Lee Marvin, Mel Gibson ou Jason Statham), le personnage inventé par Richard Stark ne pouvait que plaire à un auteur de bandes dessinées. Et pas n’importe lequel puisque c’est le Canadien Darwyn Cooke, un grand nom de l’univers des "comics" (récompensé à plusieurs reprises par le prestigieux Eisner Award), qui signe l’adaptation de Parker en romans graphiques. Avec à la clé un résultat largement à la hauteur des attentes! Alors que les trois premiers épisodes avaient déjà été encensés par la critique, le quatrième tome, qui vient de sortir, est à nouveau une grande réussite. "Fun Island" se déroule en 1969, en plein hiver. Parker et ses deux associés viennent de s’attaquer à un fourgon blindé. Leur plan a parfaitement fonctionné. Sans faire la moindre victime, ils s’apprêtent à s’évanouir dans la nature, avec dans leurs poches quelques dizaines de milliers de dollars supplémentaires. Mais c’est sans compter sur les routes glissantes et le pied trop lourd de leur chauffeur… A seulement quelques centaines de mètres du lieu du casse, leur voiture sort de la route et effectue un tonneau. Seul Parker sort indemne de l’accident. Mais les policiers sont à ses trousses. Pour leur échapper, Parker escalade une grille et se retrouve coincé dans Fun Island, un parc d’attractions fermé durant l’hiver. Loin de paniquer, Parker va faire preuve d’ingéniosité pour résister aux policiers véreux qui cherchent à le tuer… pour récupérer son argent. Une chose est sûre: il va vendre sa peau chèrement, en exploitant au mieux les attractions du parc. C’est le début d’une histoire haletante dans un décor étonnant, mise en scène de main de maître par Darwyn Cooke. Le savoir-faire et le style épuré de l’auteur canadien conviennent parfaitement à l’univers très noir des romans de Richard Stark. Avec Parker, on plonge avec délice dans l’Amérique de la pègre et du crime, peuplée de gangsters et de policiers sans foi ni loi. Heureusement, ce n’est que du cinéma… ou plutôt de la bande dessinée.