Iras Dei est avant tout pour moi l’occasion de me plonger à nouveau dans un univers né de la collaboration du dessinateur Ronan Toulhoat et du scénariste Vincent Brugeas. Depuis ma lecture de Block 109, je suis sous le charme de leur travail à la personnalité forte. J’avais retrouvé les mêmes qualités en lisant Le Roy des Ribauds. Les deux premiers tomes de Iras Dei s’inscrivaient dans cette lignée. L’histoire était prenante et les personnages captivants. C’est donc avec enthousiasme que j’ai débuté la lecture du troisième épisode intitulé Fureur normande.
L’histoire poursuit mon immersion dans un contexte historique qui m’était peu familier. Les auteurs me plongent à nouveau au XIème siècle au centre d’un conflit à l’apparence assez complexe. Je me trouve au centre de guerres dont j’ai du mal à maîtriser les tenants et les aboutissants. Grecs, byzantins, francs, normands… Les protagonistes sont nombreux et les alliances fluctuantes… J’ai vraiment le sentiment d’être au milieu d’un chaos aux frontières floues. Cette sensation est loin d’être désagréable car elle rend la lecture assez passionnante.
La série nous propose une galerie riche et dense de protagonistes. Ils sont nombreux à être hauts en couleur. Néanmoins, deux d’entre eux sortent du lot. Il s’agit de Robert et d’Etienne. Le premier est normand, noble privé de ses terres et mercenaire remarquable. Le second est un envoyé du pape chargé de défendre les intérêts de l’Eglise sur les champs de bataille. Depuis le début, leur relation est complexe et ambiguë. Ils semblent être dépendants l’un de l’autre tout en semblant ressentir une forme une haine réciproque. Ce troisième tome confirme la richesse complexe de ce duo.
L’intrigue est dense. La guerre est complexe et je dois bien vous avouer que je dois être bien concentré pour maîtriser les alliances et les différentes luttes d’influence. Les protagonistes sont nombreux et chacun est pourvu d’un charisme certain et d’une personnalité forte. Néanmoins, la trame principale s’avère claire et les enjeux captivants. Découvrir les différentes stratégies mises en place rend l’ensemble prenant. L’histoire est vraiment pourvue d’un vrai suspense, gage d’un bon moment de lecture.
Les dessins subliment cette narration. Le style de Ronan Toulhoat est reconnaissable et toujours aussi envoutant. Ses illustrations arrivent à donner vie aux lieux qui abritent l’histoire. Les batailles sont d’une intensité graphique assez rare. C’est assez prodigieux sur le plan graphique. Mais les décors ne sont pas les seules réussites de l’album, les personnages possèdent également une identité forte sous le trait de l’auteur. Les tensions qui les habitent et les relations complexes qui les lient existent aussi grâce aux dessins. Du très beau travail.
Au final, Fureur normande est un bel album. Il est dense, prenant et intense. Cet opus confirme le talent du duo formé par Ronan Toulhoat et Vincent Brugeas. Je n’ai rien d’autre à ajouter sorti du fait que j’attends la suite avec une certaine impatience…