Est-il encore nécessaire de présenter Invincible ?
Visiblement oui car depuis sa création en 2002 (16 ans d'existence au compteur) et le fait que ce soit l'un des meilleurs comics existants (oui, oui), on ne semble réduire la moitié de son duo de créateurs (1) qu'à la seule part de Kirkman au scénario, également créateur de.... The Walking Dead.
Voilà, là on comprend où je veux en venir avec cette série de comics de zombies qui n'en finit plus et qui reste l'arbre qui cache --à tort-- la montagne. C'est un peu comme si l'on ne réduisait Hergé qu'à Tintin... C'est d'ailleurs malheureusement le cas, tiens, alors que même s'il s'agit d'une série mineure à côté de Tintin, les courtes aventures de Jo, Zette et Jocko comportent un tome de très haut niveau (La vallée des cobras - 1957) où le ton d'Hergé se fait alors plus sombre (je n'emploie pas le terme "plus adulte" mais l'intention y est presque), presque déplacé à côté du reste de la série où le vaisseau Manitoba semblait presque plus une sorte de pastiche familial d'Edgar P.Jacobs avec son Espadon chez Blake et Mortimer. Ou bien Peyo qu'on ne réduit qu'aux Schtroumpfs en oubliant les sympathiques aventures de Johan et Pirlouit ou Benoît Brisefer (2).
Bref il y a d'un côté une série très connue et puis il y a Invincible, histoire géniale de super-héros où justement les personnes dotées de pouvoirs ne sont juste qu'un cadre pour enrober l'histoire et parler à travers de choses beaucoup plus sombres (j'ai failli dire "adulte", attendez je vais m'étrangler, je reviens). Il y aurait tout un dossier à faire sur Invincible pour évoquer la richesse de la BD (3) et ce n'est pas au tome 23 qu'on va rattraper tout ça non. Mais ne venez pas faire les inconscients quand l'adaptation film ou série chez Netflix ou un autre viendra, depuis le temps que ça nous pend au nez, je vous aurais prévenus. ^^
Avec ce 23ème tome, on s'achemine lentement vers le final qu'on peut penser s'avérer cataclysmique voire véritablement apocalyptique. Cory Walker qui avait signé les deux premiers tomes (enfin je me base sur les recueils français chez Delcourt qui regroupe chacun 5 à 6 formats plus courts tels qu'ils paraissent aux U.S) revient aux manettes, laissant le surdoué Ryan Ottley se charger des tomes du grand final même si ce dernier trouve le temps de signer les couvertures des courtes éditions américaines (regroupées ici en tant qu'annonce de chapitres entre chaque parties, on ne remerciera jamais assez l'éditeur français qui fait là une fois de plus un super boulot -- et à la fin on a toujours des croquis préparatoires et divers crayonnés qui sont une fois de plus un régal pour les rétines et pupilles (4)).
Et constatation agréable, le style de Walker a gagné en fluidité. Là où je pouvais auparavant tiquer de perdre les hachures et le sens du détail de Ottley quand il passait la main sur quelques chapitres à Cory Walker, et bien ici tout passe comme une lettre à la poste. Bonheur. Quand au scénario, ce diable de Kirkman arrive encore à nous étonner et nous surprendre quand il ne nous met pas à nouveau en PLS. Venant d'un type qui arrive à tenir la durée avec déjà plus de trente tomes de morts-vivants en putréfaction constante, voilà qui force donc l'admiration à nouveau.
Et que raconte ce dernier ? avant-dernier tome ? Ha ha, vous aimeriez bien le savoir alors que j'essaye à chaque fois de ne jamais spoiler dans mes chroniques, par respect du lecteur, jamais spoiler ! Tout au plus dira-t-on que Mark Grayson retrouve enfin sa famille. Après une absence de 5 ans qui pour lui n'a duré que quelques mois, un peu comme si il était tombé dans le coma. Et cinq ans, c'est long. Généralement les gens croient que vous êtes devenu un légume ou tout comme. Ou que vous êtes morts. Et donc généralement ils ont refait leur vie. Là est la couche à gratter de Invincible, sa substantifique moëlle : derrière le super-héros il y a un être humain, comme vous, comme moi qui affronte la vie. Et la vie le plus souvent, elle t'envoie chier contre un mur, direct. Alors voilà, Mark va essayer de rattraper le temps perdu... Mais comme je 'lai dit, en 5 ans il se passe des choses, les gens changent. Pour le meilleur et parfois pour le pire. Et l'escalade vers le pire ici s'en trouve à nouveau confirmé depuis les 2,3 derniers tomes.
Mais je n'en dirais pas plus.
Si je vous ai alléchés, courez à votre bibliothèque, à votre médiathèque la plus proche, voire chez votre libraire préféré et lisez (achetez ?) les deux premiers tomes en français d'Invincible chez Delcourt. Si vous accrochez à fond, félicitation et.... Courez donc pour me rattraper chers amis.
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(1) Je me base sur l'intégralité des tomes pour montrer qu'il s'agit d'une oeuvre de Kirkman et Ottley même si ils sont trois à l'avoir crée, Cory Walker y compris.
(2) Non, désolé le bidule filmique sorti récemment ne rend décidement pas hommage au ptit Benoît.
(3) Dossier que j'ai fait sur le site du Mont des rêves. Hop, pour les curieux qui aiment lire des pavés de textes : http://lemontdesreves.fr/invincible-superman-returns/
(4) ....Tous les lecteurs et lectrices ont les yeux qui brillent... Alain Souchon, sors de mon corps.