Manga paru de 2007 à 2010, Gamble Fish est un Shônen publié hebdomadairement dans le Weekly Shônen Champion (pas la Shueisha donc). 19 volumes sont sortis pour un total 169 chapitres d'une vingtaine de pages. Le scénario a été écrit par Aoyama Hiromi et les dessins sont de Yamane Kazutoshi.
Shirasagi Tomu est un élève transféré dans la prestigieuse école Shishidou, académie ne comprenant que des riches. Parieur hors pair, il décide durant son séjour (je ne vais pas dire scolarité comme on ne voit aucune classe) de transformer une pièce de cent yens en dix milliards de yens.
Le manga n'est vraiment pas si mal que ça. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu une histoire de tactiques et stratégies à la Liar game ou Death Note, du coup le début m'a mis bien. L'intrigue imposée au départ peut faire penser à Gambling school, mais les deux oeuvres divergent totalement. Gamble Fish prend rapidement une ampleur internationale et ne se concentre pas sur la triche de l'adversaire mais sur sa psychologie, même si à cause de ça l'œuvre perd quelquefois en crédibilité.
On joue sur la réflexion des personnages, tel qu'on les aime, et on vient à rapidement être surpris par le bon développement des différents jeux. Il est assez difficile de connaître l'issue d'un pari, ou du moins comment Tomu va faire pour gagner, surtout après les différents imprévus, et même si quelques fois la solution est un peu tirée par les cheveux elle reste intéressante.
En tout cas, le début est vraiment bien fait. On apprend assez rapidement les raisons pour lesquelles Tomu est dans cette académie, on se fait de nouveau surprendre par le pourquoi du comment, le tout autour des jeux tel qu'on les aime.
Arrive assez tôt dans le manga le personnage d'Abidani. Antagoniste principal, son chara design plutôt particulier de goblin surprend. Sa place dans l'école, sa situation et son statut ainsi que les diverses rumeurs à son sujet - sans parler de l'admission de Tomu dans l'école - laisse une montagne de mystères derrière lui.
Et puis, le personnage est bien pensé. Il permet de donner les explications aux tricks sans avoir besoin de boucs émissaires, comme il arrive souvent à en avoir dans les mangas de ce genre.
Ce manga, il se divise en deux parties. Il y a le début, et il y a la fin. L'auteur n'a pas voulu forcer pour rallonger son oeuvre au maximum, comme le font une grosse partie des Shônen, on ne va pas s'en plaindre. La fin, l'événement final dure neuf tomes, soit la moitié de l'histoire. Et elle est étonnamment bien réalisés malgré des défauts persistants.
Jusque là, à part Tomu et Abidani, aucun personnage n'est vraiment intéressant. Un pari, une défaite, et on devient du jour au lendemain le meilleur pote de son adversaire, un personnage secondaire et un bouche-trou. Mais dans la dernière partie du manga, assez étrangement, on développe les personnages. Mizuhara devient Kaiser Mizuhara, Abidani devient le génie des mathématiques Abidani. On dévoile le passé, on essaye de le comprendre, et le restant des mystères se résolvent.
L'événement final prend la forme d'un tournoi. Huit participants pour sept matchs. Et encore une fois, on est étonné par le développement des personnages secondaires. On ne suivra pas seulement les matchs auxquels Tomu participe, mais ceux de chacun des joueurs, avec le même engouement et la même ardeur que si le personnage principal participait. Les idées de jeux restent globalement aussi travaillées et originales que les précédentes, même si quelquefois la valeur du pari se perd.
Et pis, bon, on va pas se mentir, mais l'arrivée du président Obama elle met bien xD
Mais il y a quand même deux choses à dire sur cette fin.
De un, la chance disparaît totalement. Il n'y a plus aucune variable inconnue, alors que des dés ou des cartes sont utilisés lors de certaines épreuves. C'est hop ! Je lance un dé je veux obtenir un 4 j'obtiens un 4. Une fois ça passe, deux fois j'y crois pas trop alors une dizaine de fois... et quand on obtient une quinzaine de Black Jack à la suite et qu'on met ça sur "l'âme du parieur" et qu'on parle de Dieu de la chance, bon...
Le deuxième grief, c'est à propos du Mah-jong. Les règles des différents jeux sont toujours bien expliquées, mais à aucun moment on a eux celles du Mah-jong. C'est dommage car lorsqu'on ne connaît pas les règles (comme moi), on ne comprend rien à ce qui se passe. Pour un débutant, les échecs sont plutôt simple à comprendre, le go également, mais le Mah-jong me paraît infiniment plus complexe puisqu'il faudrait connaître toutes les différentes pièces et combinaisons possibles.
Bon. Il y a un point sur lequel je ne me suis pas encore penché. Le fameux fan-service.
Je vais être franc, je ne suis absolument pas fan du ecchi, je n'arrive pas à lui trouver le moindre intérêt artistique. Gamble Fish ne va pas y échapper, le fan-service est présent et légèrement abusif, et ne va pas avec le thème du pari. Mais il garde tout de même un léger intérêt. Le mélange pari-ecchi permet de donner des situations plutôt originales (strip poker, change mahjong) et de nouveaux moyens de pression jusque là... assez rarement utilisés.
Voilà, Gamble Fish est plutôt un bon manga, même si parmi ceux du même genre il a du mal à s'imposer. Entre le fan-service et quelques événements trop surréalistes, il arrive à garder la tête froide et continuer en suivant sa propre logique et ses propres règles. C'est un manga surprenant, autant en pour qu'en contre, qui peut plaire à ceux qui aiment les jeux.