Une belle surprise que cet album. Comme le revendiquent ses auteurs dans la préface, nous sommes face à un pur conte gothique, qui réunit de nombreux ingrédients du genre : une bande de gamins des rues en maraude, une immense maison habitée par un alchimiste solitaire, des créatures de porcelaine vivantes à l'aspect inquiétant, une chambre secrète. Pour autant, la force de Porcelaine, c’est aussi de savoir dépasser ces clichés et surprendre son lecteur. Et au-delà, c’est aussi une belle histoire d'amour - amour filial qui se développe entre le porcelainier et la gamine, amour intemporel du vieil homme pour sa femme disparue - et une réflexion sur notre capacité à parfois blesser ceux qui nous sont chers. Avec des personnages particulièrement soignés, qui savent échapper aux caricatures auxquelles on pourrait s'attendre de prime abord.
Le trait de Chris Wildgoose est agréable, on sent que tout a été travaillé pour contribuer à l'ambiance sombre de l'album, notamment toutes les créations de porcelaine. Mention spéciale à la mise en couleur, qui joue quasiment tout le long sur des variantes de rouge et de violet, et contribue ainsi à installer cette ambiance à la fois hivernale et inquiétante si réussie.
Petit bémol, cet album est annoncé comme un tome 1, et j'ai du mal à imaginer comment l'histoire va pouvoir rebondir après ce volume, qui pourrait tout à fait se suffire à lui-même.