Il m'a fallu plus de dix années (la blague pour un fan absolu comme moi), pour enfin me pencher sur ce manga. Produit dérivé (lui-même), de produit dérivé (la série) de l'univers GitS, il reste néanmoins très canon, puisque c'est Shirow Masamune himself, qui est à l'écriture. Tandis que Yû Kinutani assume la partie dessin, dont le chara design se rapproche fortement du style Kenji Kamiyama/Production I.G., cohérence oblige. Mais bon, Shirow a participé évidemment, même de manière très minime à l'élaboration des films et des séries GitS. Le contraire serait totalement impensable.
Shirow explore à travers ces cinq tomes, différents thèmes qui le tiennent souvent à coeur ; transhumanisme, folie et dépression, existentialité et âme, ultra violence, hyper-technologie, politique, espionnage, crise sociétale, etc. mais reste malgré tout très fidèle à l'ambiance originelle de la série. Vraiment déroutant.
Et le verdict est qu'après la lecture de ces cinq (trop cours) tomes, j'en sors franchement agréablement surpris. On voit directement qu'on est vraiment dans l'univers de la série "GitS S.A.C." tant le maître Shirow a pris le soin de faire baigner le manga dans le même jus que celui de la série originelle de Kenji. Pourtant, l'univers de son propre manga, est presque radicalement opposé à celui de la série de Kenji et même des films d'Oshii Mamoru. Shirow prend même le soin d'agrémenter, dans ses cinq histoires originales, des gimmicks et clin d'oeil qui font écho direct à la série de Kenji et ce avec une subtilité rare. Je me suis presque surpris à compléter certaines phrases (ou à anticiper l'action) à des moments très précis. Du grand Art made in Shirow à n'en pas douter.
Cependant il y a un bémol majeur tout de même qui fait tâche à mon grand dam. À travers les cinq tomes il ne subsiste strictement aucun fil rouge, aucune continuité. On enchaine les tomes, dont les histoires sont parfaitement distinctes les unes des autres, sans aucun lien entre-eux. Lorsqu'on arrive à la fin du tome ultime, aucun épilogue n'est proposé, absolument rien du tout. C'est la fin simplement. On pourrait presque intervenir les cinq tomes et les lire dans le désordre que ça ne changerait rien à l'affaire, la où la série de Kenji avait quand même un fil rouge, le Rieur, notamment.
Il n'empêche que ces cinq tomes restent évidemment une oeuvre certaine dans l'univers étendu de GitS, absolument indipensables pour les fans.