Frank Gallows est un agent de la force d’intervention de l’immigration surnaturelle. Son boulot consiste à traquer les fantômes se dissimulant chez nous pour les renvoyer dans leur monde. Mais Gallows est un peu au bout du rouleau et a tendance à forcer sur la bouteille. Pas étonnant donc qu’au cours d’une intervention il envoie sans le faire exprès Garth, un gamin bien vivant, au royaume des morts. Viré manu-militari par son patron, Gallows décide néanmoins d’aller lui-même rechercher Garth à ses risques et périls. Pendant ce temps le jeune garçon découvre les joies de Ghostopolis, la ville des fantômes, où un mystérieux tyran fait régner la terreur...
J’avoue que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’album. Les univers fantastiques, c’est pas vraiment mon truc. Après, j’ai aimé les différentes figures qui composent le royaume des ténèbres. Squelettes, momies, fantômes, gobelins, etc, c’est plutôt bien trouvé et c’est parlant pour le lectorat, quel que soit son âge. Contrairement à toi je n’ai pas vu les références au nouveau testament (mon inculture en matière de religion est affligeante !) mais j’ai apprécié le fait que le grand architecte de ce monde imaginaire soit un géant noir. S’il avait été une géante noire, cela aurait été encore mieux de mon point de vue mais c’est déjà une trouvaille originale et qui sort des sentiers battus.
Après, l’intrigue en elle-même ne m’a pas passionné. Une mission d’exfiltration assez classique finalement, tout comme l’affrontement final entre Garth et Vaugner qui m’a rappelé certains combats de Godzilla. Le grand méchant de l’histoire manque par ailleurs singulièrement d’épaisseur. Pas assez retors à mon goût ce gros vilain ! Même le personnage de Garth m’a paru assez fade. Finalement, Frank Gallows est de loin celui que j’ai préféré : paresseux, aigri, alcoolique, de mauvaise foi, avec une bonne dose d’humour souvent grinçant, c’est tout ce que j’aime. L’autre personnage qui m’a bien plu est le roi des squelettes. Ses aspirations à fuir les mondanités dues à son rang, sa volonté de vivre l’aventure par lui-même et ses blagues souvent foireuses apportent beaucoup de fraîcheur. Donc pour moi les personnages secondaires sont plus intéressants que l’histoire en elle-même.
Quand je regarde le générique en première page et que je vois deux coloristes et huit assistants coloristes, je me dis qu’il faut s’attendre au pire ! Et en effet, c’est pas joli-joli. Des couleurs tellement froides, tellement « assistées par ordinateur » qu’elles perdent toute leur saveur. Si au moins elles avaient été utilisées à bon escient pour combler par endroit la pauvreté des décors, elles auraient servi à quelque chose mais ce n’est pas le cas. Parce que pour le coup il ne s’est pas foulé à ce niveau-là Mr TenNapel. Une profusion de gros plans pour cacher la misère et lors des scènes de combat ou de poursuites, rien d’autres que les protagonistes et quelques traits pour souligner le mouvement. La ville des fantômes aurait mérité plus de détails architecturaux, c’est incontestable.
Niveau dessin, l’encrage épais n’est pas pour me déplaire et j’ai souvent trouvé quelques comparaisons avec le travail de Frederik Peeters dans Koma (en moins bien quand même). Le découpage est quant à lui intelligent avec l’alternance entre des scènes « mouvementées » dans lesquelles TenNapel est très à l’aise et d’autres plus calmes, souvent teintées d’une jolie émotion.
Au final c’est pour moi du bon divertissement, pas l’album du siècle mais une lecture très agréable et réellement tout public, ce qui n’est pas si courant de nos jours.