Un jour, sans raison particulière, l'humanité s'est effondrée. Ne reste alors que d'immenses cités d'acier et de rouages, chuintants faiblement par moments, comme pour nous rappeler qu'elles ont encore des sursauts de vie.
Au milieu de ce chaos sans haut ni bas, ou les cités sont empilées les unes sur les autres, deux jeunes filles déambulent et tentent de survivre. Ces deux êtres adorables, au cours de leur voyage, découvrent et redécouvrent ce qui faisait le quotidien de nombres d'entre nous. La froideur et le ton grisâtre des couloirs qu'elles empruntent font ressortir leur bouilles rieuses, et le gigantisme des mégastructures post-industriel qu'elles traversent rappellent leur petitesse.
Le saut de l'anime vers le manga fut somme toute particulier, d'abord étonné par le trait gribouillis et zigzaguant du mangaka, mais c'est finalement un parti pris intéressant qui m'a rappelé les dessins qu'aurait fait un enfant. Sans mauvaise critique derrière.
Des différentes thématiques que traite l'œuvre, beaucoup font figure de redondance, de vue et revu, mais certaines arrivent à sortir du lot. En observant sagement Yuri et Chi débattrent sur le pourquoi du comment l'humain s'est retrouvé dans cette situation, l'importance des souvenirs que l'on laisse derrière soi, il émane surtout une question que je trouve ici très intéressante et trop peu exploitée dans le genre du post apo: Ou va t'on et que fait on, quand il n'y a absolument plus trace d'humanité nulle part ?
Généralement, il y a toujours une raison qui pousse le protagoniste à aller d'un point A à un point B: cela va de la solution pour sauver l'humanité, à simplement trouver le dernier bastion encore debout. Bref, comme si il était presque évident qu'il fallait une raison, un point de fuite, une solution finale, pour motiver nos protagonistes à avancer quelque part.
Mais ici, il n'en est rien. Nos deux jeunes filles ne font tout simplement que errer à la recherche de nourriture et d'un coin chaud, rien de plus. Conscientes de leur finitude et de celle de la société qui les a vu naître, elles effectuent un voyage sans réel objectif défini, si ce n'est leur mort. Oui, vous l'avez bien compris et le ton est donné d'emblée : Seule la mort peut illustrer une conclusion au voyage de Yuri et Chi. Si ce ton lugubre peut déplaire, il offre cependant un certain souffle de nouveauté dans un genre bien souvent simplifié à aller d'un point A à un point B.
Ici, pas de destination, seul importe le voyage.