Loin d’être bouleversant, Girls’ Last Tour nous emmène admirer le beau précipice qu’est la fin. Non pas la mort : fin d’un être mais bien, la fin de tout.
Si Girls’ Last Tour prend de telles vacances c’est bien sûr pour se relaxer, la fin du monde ne vous a-t-elle jamais attirée ? Cette fascination étrange de vouloir la fin du monde et d’être enfin seul, libéré de tout sauf de la vie, c’est l’ingrédient magique de ce Slice of Life.
C’est peut-être mon esprit fasciné par la dépression qui rêve secrètement de pouvoir marcher dans les rues déserte de ma civilisation maintenant éteinte. Voir ces bâtiments magnifiques mais vides de sens, telle la vie. Pourvoir perdre mon temps à visiter le tombeau de l’humanité. Pour finalement ne faire qu’un avec le vide et le silence.
Enfin pouvoir apprécier le présent car un tel monde supprime tout sauf le maintenant. Le future ne nous entrave plus de ses stressantes obligations, même la mort : fatalité ultime, n’est rien, puisqu’en un sens vous n’existez déjà plus. Grâce ici au choix étrange mais judicieux de deux protagonistes qui ont presque tout oublié, le passé ne nous ralentit plus de sa mélancolie et l’ennui laisse place à la découverte. Il est aussi notable que ces deux filles ne veulent pas laisser de traces de leurs passages. C’est dans un tel monde où le présent est roi que Girls’ Last Tour vient forger le Slice of Life le plus pure qu’il soit.
Mais, ceci ne suffis pas à faire une œuvre, Girls’ Last Tour n’échappe pas à la grande maladie du vide qui frappe tous les Slice of Life, avec de longs passages très oubliables (et sûrement chiant à mourir pour certains). Néanmoins, les amoureux du genre comme moi sommes vaccinés et c’est avec bonheur que l’on découvre que le mythe de Sisyphe est le fil conducteur du manga. Ceci mène à des histoires surprenamment philosophiques, je retiens particulièrement le passage de l’aviatrice et cette fin qui tire dans la perfection absolue en 3-4 chapitres. J’aimerai m’attarder sur l’aviatrice et la fin, mais c’est inutile sans spoiler et personne ne lirait une analyse de 6 chapitre d’un manga SoL "presque inconnu" avec seulement ma critique sur SC.
Ah … pourquoi faut-il que tout ce que je fasse ai un sens. J’aimerai simplement monter sans raison un escalier qui se termine dans le vide. Vide en dessous duquel s’allonge le dernier étage du monde qui fut jadis construit par l’Homme. J’aimerais m'asseoir là et ne faire qu’un avec la fin.