Inscrit dans le genre Isekai (projection dans un monde parallèle), ce manga nous propose de suivre les membres d’une même famille participant à un RPG en réalité virtuelle. Ces derniers sont réunis dans le jeu, formant une petite communauté, sans qu’ils ne sachent qu’ils se côtoient les uns les autres. En effet, suite à un drame familial sous-entendu, cette famille est désunie dans la réalité mais liée dans ce monde virtuel où leurs personnalités s’assument et se soutiennent pour affronter l’adversité, au contraire de la vraie vie où la distance est de mise entre eux. Le récit présente alors le monde vidéoludique comme un espace d’échange, de communion, de refuge mais aussi de fuite du réel.
Une fois ce contexte pertinemment amené, l’auteur alterne entre le deux cadres, nous permettant de deviner les réminiscences du réel dans le virtuel et de faire des parallèles. En effet, dans le RPG, lieu d’action et d’intrigues, la petite communauté soudée est seule pour affronter les grandes guildes, à l’image de cette famille démunie face au reste du monde. Aussi, l’objectif proposé par le jeu, c’est-à-dire la traque du Corbeau, semble être une métaphore du mal-être familial, incarnant le drame réel.
Le seul reproche que l’on puisse faire à ce manga est son graphisme trop épuré, préférant se concentrer sur le dessin des personnages que les décors et arrières-plans.
Même si son aspect est dramatique et sombre, ce début de série (prévue en 5 tomes) reste passionnant à lire avec son utilisation du monde virtuel pour personnifier un drame intime et se révèle intéressant grâce aux thèmes abordés (deuil, drame familial, refuge dans le virtuel).