A croire qu'à cette époque bénie, Kevin était encore un bon gars marrant, vivant dans l'univers des comics et de l'humour gras mais fin, toujours prêt à faire marrer l'assistance, à faire de l'humour avec une bonne culture et contre culture... bref avant l'avènement du geek cool, celui qui est devenu à la mode selon les standards de l'Amérique de Fox News.
Dans ce "Green Arrow", il revient sur la mort d'un des personnages emblématique de l'univers DC, celui dont on se souvient pour sa verve anticapitaliste, violemment progressiste et un peu trop outrancière dans son libéralisme gauchiste, mais aussi pour son look bien naze à la limite du kitsch des années 1960. Associé au dessin très cartoony de Phil Hester, on a, au premier abord, un comics très enfantin. Mais rapidement le ton devient beaucoup plus sombre, multipliant les meurtres et les allusions déviantes, les dialogues très travaillés et intelligents et les réflexions beaucoup plus contemporaines que ce qu'on avait l'habitude de voir dans les comics de l'époque.
Reprendre les figures emblématiques des super-héros, devenues avec le temps des mythes un peu désuets et parfois ridicules ou grotesques, Kevin Smith aime ça. Ses dialogues mêlés à un anachronisme des personnages sonnent comme une succession de scènes à la fois profondes et très drôles. Ajouté à cela, le père Kevin utilise sa vision de la religion comme un matelas de réflexion qui n'est que malheureusement survolé mais qui schématise les idées habituellement traité par le scénariste.
En tout cas, et même si on est un peu un cran en dessous du "Dardevil" des Marvel Knights, ce "Green Arrow" est un très bon bouquin de chez DC.