Si en Occident le Western fait partie de notre base culturelle et projette en chacun de nous des clichés bien définis, pour les japonais cette niche culturelle est occupé par le samurai.
Le manga nous a donc plus habitué à des histoires de Samurai que des histoires de Cowboy.
Certes des éléments du Western ont été maintes fois repris, l’idée de Frontière par exemple (celle de territoires nouveaux à découvrir), les ambiances, les décors (surtout avec Taniguchi et son Sky Hawk), les lieux mêmes, voir les archétypes de héros, on pense alors à Cobra de Buichi Terasawa, ou CowBoy Beebop de Shinishiro Watanabe, ou encore plus récemment à Arms Peddler de Nanatsuki et Night Owl, mais une œuvre adulte et rendant hommage au genre en lui-même et non à ses éléments, rarement!
Green Blood de Masasumi Kakizaki, série prévue (et finie au Japon) en 5 volumes, incarne cette révérence au genre Western, plus particulièrement a celui que l’on dit Crépusculaire.
Arrivée dans les années 70, ce dernier mettait en scène des personnages très loin des archétypes manichéen du western à Papa, dans le crépusculaire, les héros n’en sont pas, ils sont violents, amoraux, ambivalent, utilisent la brutalité comme ressort, et partagent leur quotidien essentiellement avec des marginaux : prostitués, alcooliques, clochards, petites frappes et gros truands, tous ceux que le société rejette.
Tout ceci pour vous placer le contexte de Green Blood, le New York de la fin du XIXe et le quartier industrieux, glauque et sale de Five Points. Bidonville dangereux ou se retrouvent les pauvres et les immigrés fraichement arrivés à la recherche de travail. Dans ce monde ou rien n’est rose, politiciens et policiers sont les acteurs de la corruption et participent à la décadence et la dangerosité de ce quartier.
Deux frères Luke et Brad Burns y échouent, si le benjamin Brad s’échine tous les jours aux docks pour ramener une misère, l’ainé Luke, à tout du fieffé paresseux, et passe ses journées à glander dans leur cahute. Ce que Brad ne sait pas c’est que son frère le soir venu est le plus terrible des tueurs à gages à la solde du gang des Graves Diggers qui domine Five Points : le Grim Reaper.
Deux faces d’une même pièce, Brad est la lumière innocente, et Luke les ténèbres que mérite ce monde, un mal nécessaire.

Après Rainbow et Hideout (deux titres salué par les lecteurs et la critique) Masasumi Kakizaki, livre un manga une œuvre sombre et violente. Green Blood renvoi une image particulièrement sinistre de cette Amérique mine de rien pas si lointaine que ça ; rythmé par un scénario jamais trop bavard et intelligent, ainsi qu’un dessin très efficace dans son jeu des nuances de gris et de noir, créant des ambiances étouffantes et des tensions palpables, et des personnages particulièrement inquiétants.
Un manga intense assurément réussit sur ce premier volume, et à suivre.
Cosmoclems
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le 4 oct. 2013

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