Les plantes ont pris le pouvoir à Tokyo. Et la lutte avec les hommes s'annonce sans merci. Car avec le réchauffement climatique, les végétaux ont vu leur croissance exploser et leur appétit devenir... plus carnassier ! Un nouveau survival, en milieu tout aussi urbain que végétal.


Du jour au lendemain, l’ensemble de l’écosystème de Tokyo s’est trouvé bouleversé : les plantes, devenues géantes, ont envahi les rues et les immeubles. Surtout, elles ont manifestement changé de régime puisque qu’à l’eau et à la lumière s’ajoute à présent l’homme dans leur menu : toutes semblent devenues carnivores ! Autant dire que cela ne va pas fort pour les Tokyoïtes à la surface, les survivants ne trouvant refuge qu’en sous-sol, et en particulier dans les couloirs du métro.


C’est là que nous découvrons Akira, dont nous allons suivre l’aventure. Venu en ville pour faire sa déclaration à celle qu’il aime après l’avoir laissée partir un an plus tôt, le garçon se révèle particulièrement motivé à l’idée de rejoindre sa belle. Mais il va lui falloir pour cela affronter une faune et une flore sacrément hostiles. On pensait que l’enfer vert se situait en Palombie, on pourrait bien s’être trompé...


Green Worldz se présente comme un nouveau survival, un de plus serait-on tenté de dire, tant le marché manga apparaît saturé par les publications s’inscrivant dans ce créneau. Car on y retrouve les codes du genre : un héros devant traverser un environnement urbain transformé et dangereux, des compagnons de route dont une bonne part sert avant tout à se faire dévorer par les différentes menaces introduites, un arsenal à réinventer, et des travers humains qui se font jour et corsent diablement les choses. Et donc des morts en pagaille et une tension constamment entretenue.


Mais le manga de Yusuke Osawa a pour lui quelques qualités qui devraient lui permettre de tirer son épingle du jeu.


Il est d’abord graphiquement réussi : décors, personnages, cadrages, découpage et mise en scène, tout cela s’avère maîtrisé. On a droit à quelques planches d’ensemble précises et élégantes et les scènes d’action, dynamiques au possible, remplissent parfaitement leur rôle.


Avec ces plantes carnivores, il s’empare ensuite d’un thème plutôt original, ou en tout cas un peu négligé récemment dans le manga, et qui nous change des zombies. Même si, bien sûr, on peut penser à d’autres titres comme Cagaster ou encore Cage of Eden, d’autant que les plantes sont rapidement redoublées par les insectes en termes de menace. Mais l’inscription du titre dans l’actualité "climatique" (avec le réchauffement planétaire), sur un mode catastrophiste voire post-apocalyptique le situe bien dans l’air du temps.


Et puis il y a l’introduction d’autres phénomènes inquiétants, comme les Néo-Humains, que l’on pressent au cœur du mystère de ce monde végétal. L’apparition de leur premier représentant, au tome 1, sous la forme d’un énorme bébé ayant des bouches à la place des yeux saisit le lecteur, pris entre malaise et fascination, et permet au titre de décoller réellement. Si ce manga pouvait se maintenir sur ce régime-là, ce serait parfait.


Reste qu’on alterne beaucoup passages surprenants comme celui-ci avec des passages obligés assez fastidieux, notamment dans la gestion de personnages qui demeurent trop archétypaux pour qu’on s’attache à eux. Mais remarquons toutefois que Green Worldz évite l’un des travers récurrents des derniers survivals : le fan service consistant à déshabiller les personnages féminins. On échappe au moins à cela même si d’autres passages laissent un peu sceptiques comme lorsque le héros se forge sa morale de survie en donnant un enfant en pâture à une mante religieuse géante !


Inégal, Green Worldz suscite néanmoins la curiosité et l’intérêt. On a envie de savoir à quoi cette quête pourra nous mener et quels nouveaux environnements elle développera. Surtout, on souhaite élucider les mystères de ce monde végétal. Dans un registre voisin, mais plus ancien, on avait ainsi vu Ice Age : Chronicle of the Earth de Taniguchi introduire lui aussi les végétaux comme bourreaux d’un monde humain menant la planète à sa perte. Green Worldz paraît quant à lui emprunter un autre chemin, plus proche de la SF pure (le thème du voyage dans le temps, pour corriger une erreur passée, apparaît déjà en filigrane) que de la fable morale. Mais il faudra sans doute aller au bout des huit volumes de la série pour le confirmer.


Chronique originale et illustrée sur actuabd.com

seleniel
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le 29 août 2016

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