De retour d’Afrique, Julien éprouve le besoin de prendre du recul. Il trouve le calme nécessaire à Guernesey où il loge dans une pension de famille, il se permet un peu de tourisme (villa de Victor Hugo) et trouve le temps d’écrire à ses voisines de palier en France. Dans une de ses promenades, il emmène le petit Daniel qui s’ennuyait et gênait les pensionnaires (c’est le fils de l’un d’eux, qu’il connaît à peine). Heureuse trouvaille dans une librairie, un exemplaire de L’île noire d’Hergé, qui vaut un rapprochement aussi simple qu’habile avec l’environnement local. Malheureusement, le petit Daniel se perd. Il se trouve que le père craint un enlèvement par la mère, le couple se chamaillant après un divorce difficile. Voilà donc Julien à la recherche du petit Daniel qui ne peut pas être bien loin, puisque Guernesey est une île de faible superficie. Un bien pour un mal puisqu’en s’occupant, Julien met au second plan ses soucis personnels (rupture avec Djuma, rancœur vis-à-vis de sa mère qui n’a pas su l’aimer selon son besoin). Il ne réalise pas qu’il a tapé dans l’œil d’une pensionnaire, une charmante irlandaise rousse aux yeux verts (il faudra que Molly l’attende dans son lit pour qu’il réagisse… en la mettant à la porte de sa chambre). N’ayant pas eu le cœur d’abandonner une nouvelle fois Gilbert (son chien), Julien l’a emmené en douce et il le cache ! Molly découvre le petit secret, ce qui lui donne l’occasion d’un petit chantage pour être associée à la recherche de Julien. Un premier pas dans la conquête de son cœur.


Julien affirme son caractère volontaire pour parvenir à ses fins. Son exploration de l’île de Guernesey est l’occasion d’un album très agréable à parcourir, dans le même état d’esprit que le premier de la série (n’oublions pas quelques touches humoristiques bienvenues). Encore une fois le dessin est un régal et le scénario réserve quelques surprises bien orchestrées par la science de la mise en page de Michel Plessix qui varie toujours aussi intelligemment les tailles et formes de ses vignettes pour dynamiser la narration (scénario encore une fois cosigné Dieter). Les couleurs toujours signées Isabelle Rabarot, plus franches qu’à l’album précédent, sont un vrai plus, même si bien entendu l’aspect sombre vient du fait que nous sommes cette fois-ci en Europe et non en Afrique.


Outre les nombreuses références à L’île noire, l’album (46 planches) est marqué par la rencontre de Julien avec la séduisante Molly. C’est astucieux de le faire d’abord complètement ignorer cette femme parce qu’il pense avant tout à retrouver le jeune Daniel, alors que des souvenirs d’enfance lui remontent par bouffées (bien repérables par des couleurs plus claires). Les caractères de Julien et Molly sont parfaitement rendus. Julien parfois renfermé et assez calme mais qui peut exploser quand la coupe déborde. Molly sûre de son charme, d’une élégance très naturelle et une obstination jamais mise en défaut (Julien lui plaît mais il a autre chose en tête. Qu’à cela ne tienne, elle attendra le bon moment en étant quoi qu’il arrive à ses côtés).


Reste l’histoire tournant autour du petit Daniel. Elle fait avancer l’intrigue mais manque singulièrement de puissance par rapport à celle de l’album précédent. Cet album (qui date de 1991) est donc à mon avis le moins bon de la série. Ce qui ne l’empêche pas de mériter largement la lecture, ne serait-ce qu’en tant qu’élément fondamental d’une série qui ne comporte de toute façon que 4 épisodes.

Electron
7
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le 10 juil. 2016

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