J'ai fait un rêve.
Dans ce rêve une jeune fille au corps de métal passait, comme un ange rouillé, dans un monde de décomposition.
Dans ce rêve je voyais des larmes de souffrance et des hurlements de triomphe. Je voyais un monde qui avait perdu espoir. Je voyais des nantis dans les cieux et des bannis sur la Terre. Une montagne de déchets recouvrait le monde et les hommes. Mais y avait-il encore des hommes ? Cela, personne ne le savait. Personne, et surtout pas l'ange rouillé qui traversait ce monde en laissant derrière lui une traînée de sang.
Ce rêve, c'était Gunnm. Une fascinante histoire où se mêlent abruptement mort, drogue, combat, déchéance et résurrection. Un trip en neuf tomes qui commence par vous pétrifier devant chaque dessin de Yukito Kishiro. Chaque planche est une choc esthétique à tomber par terre. Son dessin donne vie à un monde de cauchemar aussi fascinant que repoussant, où seule Gally, l'ange rouillé, trouve grâce aux yeux du lecteur.
Gunnm narre l'histoire du cyborg Gally dans un univers de cauchemar pour retrouver ses origines à travers le combat. Sa quête hyperviolente est ponctuée d'interrogations sur elle-même où elle en viendra à découvrir les ressorts de Kuzutetsu, la ville-décharge, et de la mythique Zalem, la ville suspendue où les nantis vivent sans se soucier du monde d'en bas.
La belle Gally doit rejeter au loin les rêves de paix et de tranquillité qu'avait fait pour elle son père adoptif, Daisuke Ido, et se lance à corps perdu dans une recherche sanglante et acharnée de ce qu'elle est : humaine ou machine ? Combattante faiblarde destinée à être écrasée sous un pied à vérins ou déesse du carnage régnant sur un immense tas de ferraille ? Ses questions sont celles d'un monde qui n'a plus rien d'humain. Même la chair et l'ADN sont de bien piètres indices quand la machine a dévoré jusqu'à l'âme de l'homme.
Gunnm est un must-have, un trip sous amphétamines qu'il faut avoir lu, ne serait-ce que pour tomber en adoration face au dessin extraordinairement maîtrisé de Yukito Kishiro. Face à cet univers. Face à Gally. Et comme moi, en refermant le dernier tome, vous clignerez des yeux, étonnés, pour bien être sûr que c'est vraiment fini. En vous demandant, incrédule, si l'errance de Gally s'arrête vraiment là.
Bref.
Gloire au cyberpunk.