Guyanacapac - Long John Silver, tome 4 par mavhoc

Dernier tome d'une saga qui m'a plutôt plu sans tenir les saintes promesses qu'on m'avait offerte à propos de cette BD. Bon, c'est vrais, je pars peut-être avec l'esprit de contradiction, mais quand on te dis que Long John Silver est ce que le franco-belge a de mieux à nous offrir, j'entends déjà Goscinny qui s'en retourne dans sa tombe. Donc voilà, je me permet de remettre dans le contexte : j'ai mis 7/10 à chacun des 3 tomes parce qu'en amoureux du neuvième art, j'ai passé un bon moment sans pour autant être plus surpris que ça. Mais là, c'est le dénouement, et, pour être honnête, je m'attendais donc à de la surprise en tout genre. Il y a eu des surprises, mais pas celles que j’espérais.

On va boucler rapidement la question du dessin : Mathieu Lauffray gère plutôt bien les grands espaces (très belle couverture) et réalise quelques très belles scènes. Il maitrise cependant de manière moins bonne les détails donnant parfois un sentiment de fouilli quand on s'attarde sur les cases. Mais surtout, il a la décence de réaliser quelques faux raccords bien gros. Pour être honnête, c'est surtout la faute de Xavier Dorisson qui a travaillé les détails du scénario comme l'idée principale : c'est à dire pas beaucoup. Deux faux raccords : la grosses de Hastings (qui en quelques jours a obtenu un énorme bide, il suffit de regarder du tome 2 au tome 4, en théorie, on a l'impression que seule quelques jours se sont passés et visuellement elle semble avoir pris 2-3 mois selon les scènes) et la main du docteur Livesey qui est à moitié morte, dégoulinante de sang après s'être fait tirer dessus et redevient comme neuve deux planches plus loin ...
Mathieu Lauffray réalise aussi beaucoup de visage très semblables. Surtout vis à vis des indigènes. Enfaite j'ai cru plusieurs fois voir Moc là où s'était un de ses comparses. Alors je sais que, faisant parti de la même culture ils devaient se ressembler, mais quand même ... Un peu de bon sens pour rendre la lecture plus aisée.

Mais passons, rentrons dans le vif du succès avec le scénario. Le Neptune, son équipage et Lady Hastings ont été enlevés par Moc, l'indigène qui a trahit Silver et sa bande. Le grand pirate, accompagné de la Murène, de Livesey et de Dantzig sont donc en route pour Guyanacapac pour délivrer ses pauvres diables et trouver le fameux trésors. Tel est le pitch de base.
Bon, j'ai mis cinq, pas un ou deux, mais cinq ! Donc c'est que c'est pas si mal que ça. On est intéressé, intrigué, clairement en terme de narration Dorison maitrise son art et donne envie au lecteur d'avancer. Le problème c'est que ça ne fait pas tout.
Voir les gens aduler cette BD me fait un peu le même effet qu'après avoir vu Iron Man. Bon, ok, c'est divertissant, amusant et pas trop mal réalisé, on s'éclate bien ... Mais franchement, c'est pas un peu déjà vu ? Le cinéma n'a-t-il rien de mieux à nous offrir ? Pour Long John Silver tome 4, je le ressens également comme ça. Déjà parce que cette BD me donne le sentiment d'être doté d'une culture supérieure. Je rigole à peine tant je ne comprend pas que des gens aient pu être surpris par le scénario. C'est une très très longue suite de clichée. Ils se baladent dans la jungle, ils découvrent la cité, enfaite il y a pas de trésor. Mais plus tard, par hasard, ils le découvrent. Là, le héros veut les trahir, mais il est ramené à la raison. Au moment où il va se faire tuer, celle qu'il doit protéger arrive et le protège lui. Il sauve ces amis mais ceux-ci, loin de l'abandonner décide de se battre. Tout le monde meurt dans un combat gigantesque contre des centaines d'adversaires. Sauf quelques uns, qui décide que crever pour crever autant se venger, et ça repart pour sauver la donzelle. Explosion gigantesque, tout le monde meurt au combat en se sacrifiant. Le héro se fait éventrer mais il survit, y a un boss de fin increvable mais c'est pas grave, à la fin, il sauve la nana, il la donne au gentil docteur un peu (beaucoup) con, puis il prend une pose bad-ass !
Et là, j'ai fais la version rapide en plus ! Je ne me suis pas arrêté sur le traitement de chaque scène qui donne le sentiment que Dorison a autant bossé son scénario qu'un réalisateur de série B. On a vraiment une mise en scène absolument pas novatrice. Honnêtement, il n'y a pas eu une seule scène qui m'a surpris, qui m'ait étonné ou qui m'ait fait sourcilier. Tout apparaît comme bien trop évident et cliché.
D'autant plus qu'une nouvelle fois, on loupe des occasions de surprendre. Dantzig aurait pu devenir pirate, il y aurait pu avoir de vrais trahisons, des combats mieux ficelé. Quitte à tuer les gens ne pas le faire par accoue comme c'est fait... Le retour du mari Hastings, au tout début, est là encore une scène qui donnerait envie à un auteur innovant de se défenestrer.
Et là, je parle pas du pire, comme toute bonne saga loupée qui s'assume ... On a de la putain de magie ! On avait très bien tenu les 3 premiers tomes sans, et là, on nous en balance ! Et si possible, on rajoute un dieu maléfique, parce que quitte à faire clicher, assumons jusqu'au bout ! Lovecraft, devrait porter plainte !

Je vais pas m'attarder à expliciter chaque page, chaque scène, parce que franchement, je pourrais et ça montrerais encore mieux comment le mot "innovant" ne peut absolument pas définir cette histoire. Alors, certes, jusque là on avait eu le droit à quelques clichés, mais ça restait assez gentil, mais ce tome assume tout et donne le bizarre sentiment d'avoir une fin en-dessous de ce qu'elle aurait du nous offrir.
Heureusement, ça reste distrayant et la narration et efficace, globalement le dessin est aussi pas mal du tout malgré quelques points noirs. Franchement, je pense pas que ça puisse mériter plus que 5 !


PS : Jouons a un jeu, merci de me donner les faux raccords scénaristiques (qui entrainent parfois des erreurs graphiques). J'en ais mis 2 dans la critique (la main du docteur et la grossesse anarchique de Vivian) mais il y en a 2 autres bien belles. Les barils de poudre qui sont encore dans la cité, après plusieurs décennies voir siècles ... Comme quoi ils sont bien cons ces indiens. Mais aussi et surtout l'incompréhension vis à vis de Byron Hastings. En effet, il organise cette manipulation pour ramener quoi ? Une vingtaine de sacrifié ? Autant prendre dans la population locale alors, non ? Et si c'est pour la grossesse de sa femme, comment pouvait-il savoir ? Surtout que son frère voulait la mettre au couvant donc bon ...
Si vous avez d'autres erreurs, merci de partager :)
mavhoc
5
Écrit par

Créée

le 28 avr. 2014

Critique lue 726 fois

11 j'aime

6 commentaires

mavhoc

Écrit par

Critique lue 726 fois

11
6

D'autres avis sur Guyanacapac - Long John Silver, tome 4

Guyanacapac - Long John Silver, tome 4
Apostille
8

La conjonction des possibles...

La pénible errance de Long John et de ses compagnons en ces marécages séculaires s'achève aux pieds de leurs espérances. Fous qui croyaient trouver ici la fortune, c'est la mort la plus mystique qui...

le 22 mai 2013

6 j'aime

Guyanacapac - Long John Silver, tome 4
Marco
7

Critique de Guyanacapac - Long John Silver, tome 4 par Marco

J'ai trouvé dans ce tome final un peu moins de l'esprit des précédents. Bien que le 3ième volume nous prépare déjà a ce changement, on va avoir ici une part d'occulte plus importante, c'est un peu la...

le 3 mai 2013

5 j'aime

10

Du même critique

Monty Python - Sacré Graal !
mavhoc
3

J'ai presque honte de ne pas aimer

Ce que je vais dire va surement sembler un peu bête, mais globalement je chie sur les critiques contemporaines professionnelles. Mon respect va aux avis des membres actifs du milieu du cinéma, ainsi...

le 23 mai 2014

76 j'aime

13

Black Book
mavhoc
5

Public aveuglé

Salué par la critique Black Book nous montre l'amour de Paul Verhoeven pour les scénarios longs sans longueur et les œuvres dotées d'image marquante. L'esthétisme ultra-soignée du film qui est...

le 5 mars 2016

37 j'aime

9

The Crown
mavhoc
7

Anti-binge-watching

Curieuse série que The Crown. Curieuse puisqu'elle se concentre sur la vie d'Elizabeth II, c'est-à-dire La Reine du XXe siècle, mais une reine sans pouvoir. The Crown est une série qui s'oppose à...

le 24 avr. 2019

28 j'aime

2