Tu frissonnes, hésites, n’oses t’aventurer plus avant dans l’univers glauque de Mezzo et Pirus. Les comparaisons innombrables et peu flatteuses car castratrices inhibent ton esprit désespérément critique. Tu crains l’orgie, l’overdose de mauvaise came, le bad trip des mauvais jours, la gueule de bois carabinée.
Tu contemples cette tête de mouche absurde, démesurée, inepte et te dis :
« Qu’est-ce que je fous là ? »
Tu absorbes à ton tour ta dose de misère humaine de bas étage, de mièvrerie commune, de mal-être next door. Tu l’assimiles, tu la digères, tu la synthétises jusqu’à n’en plus distinguer que l’essence humaine, immatérielle, nihiliste.
Cependant que les couples se font et se défont, de générations en générations, de pudeur en exhibitionnisme, d’amour en gerbes à répétition dans un méli-mélo parfaitement cadencé, une valse immobile, contemplative.
« Il est affreux mais je l’aime. »
Alors tu t’attaches bien malgré toi, tu tisses puis dénoues de complexes liens, intimes, avec cette troupe incohérente de loosers magnifiques, trop bêtes pour être vains, trop vrais pour ne pas vivre.
Tu pénètres ces rues glaciales, peuplées de regards curieux, désertées des faux-semblants, des caricatures. Tu cours après le printemps, le soleil qui réchauffera ton cœur, la première mouche d’une saison qui verra son règne glorieux.
Plus fasciné que curieux, tu colles tes yeux à la page, esquisses un sourire idiot vite réprimé. Tu plonges tout entier, investis l’inconscient de ton bulbe dans ce voyage initiatique, terriblement sombre, sans retour crois-tu. Libre, tu pousses la porte légère et t’offres aux traits acérés du roi.
Mais c’est une lumière qui t’accueille, bienveillante, douce. Il fait bon vivre ici-bas.