Trout mask replica
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le 22 févr. 2017
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La série Gus a commencé avec un premier tome que personnellement je résumais à "des cowboys draguent et se prennent des râteaux". Ici, le temps a passé. Gus est peu présent, on le voit au début de l'album se débarrasser d'associés encombrants. Clem, de son côté, mène une vie de bourgeois rangé à San Francisco, où il a acheté une quincaillerie qui marche bien. Il retrouve Gratt. Ensemble, ils dévalisent une série de banques habillés en frac. Des romans bon marché décrivent leurs exploits.
Mais un jour, Clem se fait agresser au couteau. Il est sauvé par un borgne étrange, Eliphalet Van Vliet, qui peint des explosions et lui enseigne le maniement de la dynamite. Mais Clem se brouille avec Eliphalet, imprévisible, qui fait brûler sa quincaillerie et menace de kidnapper Ava et Jamie. Le docteur Hayden prend contact avec lui : il explique l'accident qui a rendu Eliphalet fou. Il reprend les attaques de banque pour maintenir sa famille à flot, découvrant au passage de Jamie se livre à de graves trafics dans son école.
Mais deux individus, à la tête d'une troupe armée, pourchasse désormais le "beau bandit" : le colonel Radl et le journaliste Silberman. Ils entrent dans une banque, dans ce qui pourrait être un traquenard, et retombent sur... Isabella, devenue elle aussi détrousseuse de banques. Elle les sauve en leur fournissant des chevaux et attirent les poursuivants sur elle. Plus tard, Clem se fait prendre, et le colonel Radl vient lui promettre la corde. Gratt et Gus sont au loin.
Deux choses me frappent dans ce nouvel opus : le nombre de cameo d'acteurs/chanteurs américains est plus important (à commencer par celui, central, de Captain Beefheart) et plus appuyé ; la violence est bien plus présente, avec davantage d'innocents tués, etc... Le placide Clem devient plus manipulateur, violent, et obsédé par le fait d'être un bandit connu, comme pour faire concurrence à Gus. La destinée que Clem pense avoir est personnifiée par un espèce de cyclope qui lui dicte comment se dépasser. Image ambiguë de l'hybris, mais aussi de l'instinct de survie et d'une forme d'intégrité viriliste.
On retrouve le point fort de la série : des personnages dépeints comme des forces en action, tout à fait comme chez Stendhal, des dialogues toujours aussi naturels et forts en même temps. Le style graphique est toujours aussi insaisissable, entre le cartoon, le lyrisme des paysages, et un découpage éminemment cinématographique (l'attaque du train, les alternances gros plans-plan large).
La série Gus reste toujours aussi bonne et fidèle à elle-même. C'est du pur bonheur, de la première à la dernière page.
Créée
le 26 avr. 2018
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