Le pouvoir corrompt !
Bliss Comics, dont on ne peut qu’applaudir le travail jusqu’à maintenant, continu, en parallèle des titres récents, de nous proposer leurs énormes intégrales sur les titres un peu plus anciens. Là...
le 1 nov. 2017
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Comics de Joshua Dysart, Trevor Hairsine, Rafa Sandoval, Clayton Henry, Barry Kitson et Khari Evans (2017)
Bliss Comics, dont on ne peut qu’applaudir le travail jusqu’à maintenant, continu, en parallèle des titres récents, de nous proposer leurs énormes intégrales sur les titres un peu plus anciens. Là aussi, c’est un plaisir de voir un éditeur se soucier de ses lecteurs. Parce qu’il faut bien dire, sur le sujet Valiant Comics, Panini s’est royalement foutu de nous en stoppant toutes les séries d’un coup, sans prévenir au même moment où ils sortaient un nouveau tome de Raï ! Genre « prenez ce tome mais il n’y aura pas la suite ! »… Enfin bref…
Cette nouvelle Intégrale est consacrée au titre Harbinger de Joshua Dysart (l’excellent scénariste de l’excellent Soldat Inconnu !!) ! Au premier abord, si on survole un peu le truc, on comprend que les psiotiques sont les mutants de Marvel. Mais il ne faut pas s’arrêter à cela, il ne faut surtout pas penser qu’Harbinger et l’équivalent des X-Men de chez Marvel. Si on peut y penser, on se retrouve avec quelque chose de bien différent et de tout aussi passionnant !
Peter Stanchek est un psiotique, doté depuis la naissance de pouvoirs télépathiques incommensurables. Il s’est enfui de l’hôpital psychiatrique qui le “soignait” et vit caché, accro aux drogues qui inhibent des capacités qu’il ne comprend ni ne maîtrise.
Toyo Harada, rescapé d’Hiroshima devenu milliardaire, est également un psiotique et le créateur de la mystérieuse Fondation Harbinger. Il y recrute des psiotiques latents et active leurs pouvoirs au moyen d’un procédé potentiellement mortel. Il prend Peter sous son aile, mais ce dernier apprend vite que le puissant Toyo Harada a une vision bien particulière du destin de l’humanité et est prêt à tout pour réaliser son utopie. Opposé à la brutalité de ses méthodes, Peter fuit son maître et va désormais tout faire pour détruire la Fondation Harbinger. Avec son amie Kris et des psiotiques qu’il a lui-même activés, Flamingo, Faith et Torque, ils forment les Renégats. Le conflit qui va les opposer à Harada pourrait bien décider du sort du monde…
Ce sont des visions du monde et des idéaux qui s’affrontent dans cette série rassemblée pour la première fois dans son intégralité. Joshua Dysart, auteur engagé du Soldat Inconnu, pose avec Harbinger une des pierres angulaires de l’univers Valiant. Une série riche et passionnante, illustrée notamment par Khari Evans (Archer & Armstrong), Clayton Henry (Ivar), Barry Kitson (Spider-Man) et Rafa Sandoval (Green Lantern).
(Contient Harbinger #0, #1 à 25, Bleeding Monk #0, Harbinger Wars #1 à 4 et Harbinger : Omegas #1 à 3)
Peter Stanchek est un adolescent que l’on pourrait qualifier « à problèmes ». C’est en parti vrai. En parti, parce que cela n’est pas vraiment de son fait, Peter est un psiotique, un être avec des pouvoirs extraordinaires ! Peut-être l’un des humains les plus puissants qui soit, mais il n’en a pas conscience. Il entend les pensées des gens et peut les influer, les contrôler même ! Il n’y a qu’à voir ce qu’il fait à son ami d’enfance, Kris, en la « forçant » à l’aimer ! Des pouvoirs terribles, effrayants, entre les mains d’un adolescent perdu et accroc aux médocs !
Peter parcourt le pays avec son meilleur ami, Joe, un adolescent pas au top dans sa tête, que Peter à rencontrer à l’hôpital psychiatrique. Il y est contraint puisqu’une organisation, le Projet Rising Spirit, cherche par tous les moyens à lui mettre la main dessus pour « l’étudier » ! Il a beau effacer la mémoire de son adversaire à chacune de leur rencontre, le Projet Rising Spirit le renvoie toujours après lui. Mais cette fois-ci, les choses vont changer !
Cette fois-ci, Peter est également la cible de Toyo Harada, l’un des hommes les plus riches, les plus puissants et les plus influents du monde ! Accessoirement, sans doute le seul psiotique plus puissant que Peter ! Si le monde connaît Toyo Harada pour le bien qu’il fait au monde et à l’humanité, personne ne sait qu’il est un survivant d’Hiroshima, un psiotique et qu’il dirige la Fondation Harbinger, une fondation qui rassemble et entraîne les psiotiques !
Et il a jeté sur dévolu sur Peter, un être quasiment aussi puissant que lui, qu’il sait complètement dépassé par tout cela ! Grâce au Moine qui Saigne, un psiotique immortel pouvant voir l’avenir, il sait que Peter est destiné à accomplir de terribles choses ! Grandes, mais terribles ! Il tient donc à lui faire accepter de rejoindre la fondation, à le canaliser, l’aider et ainsi empêcher ce qu’il a vu !
Recevant pour la première fois, depuis toujours, une main tendue, Peter n’hésite pas une seconde et accepte que Toyo devienne son mentor. Ne demandant juste à ce que son ami Joe soit aidé également et bien traité. Kris quant à elle se retrouve libérée de l’emprise de Peter et lui voue une haine s’en borne pour ce qu’il l’a forcé à faire, dire et ressentir !
Dès son arrivée à la Fondation Harbinger, Peter découvre comment les pouvoirs latents des psiotiques sont activés. Quelle stupeur devant une telle barbarie et de comprendre que le procédé provoque plus souvent la mort qu’autre chose. Il comprend alors que Toyo veut l’utiliser pour améliorer le processus, en effet, Peter est capable, lui-même, « d’activer » les psiotiques. Mais le jeune adolescent est mal à l’aise avec cela.
Ce problème est moindre lorsque Peter comprend, petit-à-petit que Toyo Harada est loin d’être l’homme généreux et bienfaiteurs qu’il prétend être ! Il influx, dans l’ombre sur l’économie du monde, intervient officieusement dans les conflits militaires et politiques, toutes ses décisions, ses inventions, ses « cadeaux » aux mondes ne sont là que pour amener le monde vers son idéal, son utopie ! Il a une vision de monde tel qu’il devrait être et c’est sa vision qui est juste, qui est parfaite. Il est prêt à tout pour y arriver.
Peter et Toyo passent alors d’une relation d’élève et maître à adversaires et un combat incroyable s’engage. Mais Peter est jeune et novice dans tout cela. Il ne devra son salut qu’à Faith, une psiotique bien en formes qu’il venait d’activer, capable de voler ! Dès lors le lien est rompu entre Peter et Toyo. Alors que ce dernier voulait le sauver, et l’utiliser par la même occasion, il va vouloir tout faire pour le faire taire !
Mais Peter a passé sa vie à se cacher, il contrôle de mieux en mieux ses pouvoirs et s’entoure d’autres psiotiques, les Renéagts, qu’il active. Il y a Faith, toujours de bonne humeur, folle de joie d’être une super-héroïne, Flamingo, une rousse incendiaire et caliente contrôlant et créant du feu, Torque, un adolescent tétraplégique capable de se créer un corps indestructible et surpuissant, et enfin Kris, sans pouvoir mais sorte de garde-fou de la bande.
Cette bande d’ados, tout en échappant à Toyo et ses hommes, vont vivre leur lot d’aventures incroyables et épiques. Toujours dépassés, ils ne reculeront cependant jamais. Toujours porté par les pouvoirs de Peter, l’analyse de Kris ou la joie de vivre de Faith. Ils vont se retrouver en plein milieu d’une guerre d’Harbingers, avec le Projet Rising Spirit, la Fondation Harbinger ou encore Bloodshot. Ils vont vivre les tortures psychiques de Toyo ou encore être confrontés à la mort de l’un des leurs. Mais ils font toujours front, du moins aussi loin qu’ils le peuvent. Ils restent des ados, qui découvrent ces pouvoirs et ce monde depuis quelques temps seulement, alors qu’un homme comme Toyo joue avec ces pouvoirs et ce monde depuis des décennies !
Toyo Harada ! Le titre s’appelle Harbinger, et non Renégats. Peter et sa bande ne sont pas les personnages centraux du titre. Harbinger est au singulier. C’est Toyo Harada qui est au cœur de toute cette histoire. L’arrivée de Peter sur le devant de la scène le force à sortir de son chemin tout tracé. En sous-estimant le jeune homme et sa bande, Toyo va être obligé de sortir de l’ombre, et pas sûr que le monde ne s’en remette !
Graphiquement, le tome faisant quasiment 1000 pages, composé de la série principale, au complet mais aussi d’épisodes spéciaux et d’épisodes d’autres séries, il faut bien se douter que nous avons le droit à plusieurs artistes, et comme toujours, forcément, à des styles graphiques différents et pour tous les goûts.
Cependant, le gros de la série principal est l’œuvre Khari Evans. Un artiste que je ne connaissais absolument pas avant de plonger dans Harbinger et Archer & Armstrong. Un style qui capte le regard, c’est plutôt fluide, les personnages se démarquent rapidement et l’action est plutôt bien représentée.
Citons également, côté artistes m’ayant plu, Rafa Sandoval, Clayton Henry ou Mico Suayan ou encore Pere Perez.
Avec Harbinger, Joshua Dysart nous présente deux visions différentes des gens qui ont du pouvoir. Là où les mutants nous montre que les X-Men veulent faire le bien parce que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, on doit protéger les gens qui ne nous aiment pas, avec Harbinger on découvre que bien souvent ces pouvoirs fantastiques tombent dans les mains de personnes qui se retrouvent complètement dépassées, qui pensent à se faire plaisir avant même de devenir des héros, et qui n’y arrivent que difficilement parce qu’on ne naît pas héros. Mais aussi que, bien souvent aussi, quand on se retrouve avec autant de pouvoir, et bien on veut, car on peut, faire ce que l’on veut, comme Toyo Harada !
Bref, Peter Stanchek, Toyo Harada, Joshua Dysart nous montre que le monde n’est pas tout rose, tout mignon. Le monde est sombre et cruel et les gens qui ont le pouvoir cherchent à en profiter, même s’ils se mentent à eux-mêmes en pensant faire le bien. Le pouvoir est dangereux ! On le voit avec Peter, complètement dépassé par ses capacités, pire qu’un gosse qu’on lâcherait dans un magasin de jeux sans vigile, sans système d’alarme, un massacre. Il nous montre qu’on ne s’improvise pas héros. On le voit également avec Toyo, un utopiste persuadé que sa vision des choses est la vision juste. Il nous montre quel pouvoir rend ivre, et une fois ivre on a plus de limites ni d’interdits.
Harbinger fut une excellente lecture. Joshua Dysart nous met en garde sur les abus que l’on peut avoir dès que l’on a du pouvoir. Il n’est pas compliqué, à cette lecture, de retransfigurer tout cela à notre échelle et d’y réfléchir sérieusement.
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le 1 nov. 2017
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